En débarquant Carol Bartz de sa fonction de PDG du groupe, Yahoo! prend acte des mauvais résultats des derniers mois et doit étudier toutes les options pour endiguer cette chute, si c’est encore possible…

Mise à jour – Le navire a de nouveau un capitaine. Près de quatre mois après le licenciement de Carol Bartz, le conseil d’administration a désigné mercredi un nouveau PDG.

Il s’agit de Scott Thompson, qui était jusqu’à peu le patron de PayPal, la célèbre solution de transaction financière en ligne, rachetée en 2002 par eBay.

Reste désormais à savoir si Scott Thompson réussira là où Carol Bartz a échoué. Une tâche qui s’annonce compliquée, face à des compétiteurs très performants comme Google, Facebook, Microsoft et Apple.

Sujet du 08 septembre – Incontournable dans les années 1990, Yahoo n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sa PDG Carol Bartz, en poste depuis seulement 34 mois, vient d’être limogée d’une manière qui ne ravive pas l’optimisme sur les perspectives du groupe. En effet, le président Roy Bostock ne s’est même pas donné la peine de la rencontrer, et l’a remercié par téléphone, sanctionnant ainsi les mauvais résultats de l’entreprise ces derniers mois.

Recrutée pour endiguer la chute de Yahoo en 2009, après l’échec retentissant de l’offre de rachat par Microsoft, Carol Bartz n’a jamais paru en position d’éviter son éviction. Même si les bénéfices ont augmenté, notamment grâce à une politique de réduction drastique des coûts, les parts de marché publicitaires, le chiffre d’affaires et l’audience ont été trop faibles. La faute à un virage social manqué par Yahoo, et à des services autrefois performants que la firme laisse mourir à petit feu, à l’image de Flickr. Cynisme du marché, l’annonce de son départ a fait grimper l’action de l’entreprise de plus de 6%.

Si la méthode est à déplorer, elle s’inscrit dans une mouvance caractéristique de la chute de popularité du portail, qui semble ne plus pouvoir lutter contre les autres géants d’Internet, Google et Facebook en tête. Plusieurs options s’ouvrent alors à l’entreprise.

La première est celle du rachat. Ce serait probablement la pire pour Yahoo, qui est passée à côté des 45 milliards de dollars (31$/action) proposés par Microsoft et qui n’est plus valorisée qu’à 17 milliards de dollars aujourd’hui. En se bradant, l’entreprise confirmerait qu’elle n’a, elle-même, plus confiance en son avenir et enverrait ainsi un signal très négatif aux marchés, aux observateurs, et aux utilisateurs. Si c’était cependant l’option retenue, différents repreneurs seraient sans doute intéressés, en particulier chez les géants des médias. Oublions News Corp., sans doute refroidi par l’échec du rachat de MySpace et empêtré dans le scandale News Of The World en Angleterre. En revanche, Jimmy Pitaro, ancien de chez Yahoo est aujourd’hui co-président de Disney Interactive, ce qui pourrait faciliter les discussions.

La deuxième est celle d’un changement stratégique radical. Longtemps technologiquement innovante, Yahoo s’est reposée sur ses lauriers et s’est contentée, dans ces derniers mois, de copier ce qui pouvait fonctionner chez ses concurrents : cartographie, géolocalisation, Yahoo Meme, Mash, Kickstart, Yahoo Music, etc. Elle a ainsi fait le pari de l’éditorial là où ses concurrents s’engouffraient dans le social. Carol Bartz avait d’ailleurs toujours cherché à minimiser le succès de Facebook… qui vaut aujourd’hui quatre fois la valeur de Yahoo.

Le groupe pourrait aussi chercher à faire une nouvelle levée de fonds. Cette éventualité s’accompagnerait sans doute de la disparition de certains services, pour se reconcentrer sur les vrais savoir-faire de l’entreprise, et pourrait être une première étape avant une revente, gonflant ainsi sa valorisation. Mais cela suppose que des investisseurs aient encore confiance dans le potentiel de l’entreprise…

Cette levée de fonds pourrait aussi servir, et c’est la quatrième option qui s’offre au groupe, à acheter une entreprise ayant le vent en poupe, pour relancer la locomotive. Des discussions seraient engagées depuis plusieurs mois avec Hulu, le service de streaming vidéo américain, dont Jason Kilar, le PDG, pourrait alors devenir le nouveau patron de Yahoo. Néanmoins, Google, Microsoft et Apple seraient également intéressés, les premiers le considérant même comme un rachat prioritaire.

Reste une dernière option, inenvisageable… ne rien faire et continuer à dépérir doucement mais sûrement. Yahoo saura-t-elle l’éviter et rebondir enfin ?

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