En plus de devoir sécuriser sa ligne Internet, Robert Thollot devra-t-il surveiller les faits et gestes de son épouse lorsqu’elle naviguera sur le net, afin de s’assurer qu’aucune infraction au droit d’auteur n’est commise ? Interrogé mercredi dernier dans l’émission Des clics et des claques, sur Europe 1, Robert Thollot a une nouvelle fois affirmé n’avoir rien téléchargé du tout… mais a reconnu que sa femme avait peut-être déjà téléchargé sur Internet.
Professeur de sciences économiques et sociales dans un lycée de la Loire, Robert Thollot est suspecté d’avoir téléchargé trois œuvres protégées par le droit d’auteur sur les réseaux peer-to-peer : deux musiques (un titre de Rihanna et un titre de David Guetta) et un film (Iron Man 2). Son adresse IP a été flashée à trois reprises par TMG, l’organisme privé chargé par les ayants droit de repérer les contrevenants sur les réseaux P2P.
Robert Thollot ne sait pas télécharger
Impossible selon Robert Thollot. « Je n’ai pas téléchargé ces titres, pour la bonne raison que cela ne m’intéresse pas. Je vais sur Internet, mais je n’ai jamais téléchargé et je ne sais pas télécharger » a-t-il confié. « Mon ordinateur est sécurisé, mon accès à Internet est sécurisé, mais je ne peux pas, moi, simple quidam, sécuriser une ligne alors que les grandes entreprises de ce monde et les grandes administrations de ce monde en sont incapables« .
Le professeur, qui bénéficie de l’aide apportée par l’initiative SOS Hadopi, estime plutôt que sa ligne a été piratée. Il a ainsi expliqué qu’au moment de la constatation des faits pour Iron Man 2, il était en cours avec ses élèves. Comment, dans ses conditions, être l’auteur d’un tel méfait s’il n’était pas devant son poste ? En dehors du piratage, deux possibilités apparaissent.
Soit le logiciel utilisé pour télécharger les musiques et le film sur les réseaux P2P était déjà en marche. L’instruction de téléchargement a en effet très bien pu être donnée avant que Robert Thollot aille dispenser ses cours. Une version plausible, mais qui va à l’encontre des affirmations de l’accusé qui met en avant son incompétence en informatique. Soit une autre personne a eu accès à l’ordinateur à ce moment-là.
Des téléchargements ont eu lieu
C’est vers cette possibilité que les animateurs orientent la discussion. « Vous êtes tout seul chez vous ? » demande Guy Birenbaum. « Non, je ne suis pas tout seul » rétorque Robert Thollot, qui précise que « [ses] enfants sont déjà grands » et « qu’ils sont partis« . Autrement dit, « ils ont leur propre adresse IP, leur propre ordinateur« . « Vous avez une épouse ? » insiste Guy Birenbaum. « On n’est jamais sûr de son épouse » renchérit David Abiker.
« Tout à fait » confirme Robert Thollot. « Mais depuis le premier avertissement que nous avons reçu, nous avons évidemment pris des mesures« . « Des mesures ? » relancent les animateurs. « J’ai donc des preuves qui montrent que lorsque mon épouse télécharge, elle paye« . Et là, le mot est lâché. Son épouse télécharge. Oui, mais quoi et à quel endroit exactement ?
Est-elle comme Thierry Lhermitte qui, bien qu’actionnaire de TMG, a avoué télécharger lui-même des films sur MegaUpload sans savoir si c’est illégal ? Dispose-t-elle d’un abonnement payant pour accélérer le nombre et la vitesse de ses téléchargements ? Ou bien passe-t-elle par des plates-formes légales, qui permettent elles aussi de télécharger, en payant et en toute légalité ?
Sa femme, responsable ?
« Il n’y a plus eu de téléchargements illégaux » ajoute Robert Thollot. Une formulation malheureuse, qui laisse entendre qu’auparavant le professeur avait connaissance de certaines pratiques. Formulation qui n’a d’ailleurs pas échappé aux animateurs, obligeant le professeur à reformuler son intervention « Il y a eu des téléchargements avant le premier avertissement, oui, mais sûrement pas de ma part, je ne sais pas faire« .
Résumons. Robert Thollot reconnaît que sa femme télécharge, bien qu’on ne sache ni exactement quoi ni comment, qu’à sa connaissance elle ne le fait plus, que pour lui sa ligne est sécurisée, que l’Hadopi est incapable de lui dire comment mieux la protéger et que le seul moyen pour lui de s’assurer de ne plus recevoir d’avertissement.. qu’en conclure ?
Reste une possibilité. Ca serait de surveiller les moindres faits et gestes de sa femme lorsqu’elle utilise Internet à la maison. Ce qui nous replonge un siècle en arrière dans les rapports maritaux. Après les voisins qui dénoncent leurs voisins, va-t-on assister au déplorable spectacle du mari qui dénonce son épouse ? Et inversement ? Quand bien même téléchargerait-elle illégalement, est-il légitime d’en arriver à demander à un homme de contrôler ce que fait sa femme ?
Dans cette affaire, soulignons que l’Hadopi n’y est pour rien. La Haute Autorité ne fait qu’appliquer une loi dont tout le fondement repose sur la responsabilité du fait des tiers.
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