La CNIL pourrait bientôt être présidée par Isabelle Falque-Pierrotin, l'ancienne présidente et déléguée générale du Forum des Droits sur l'Internet. Une activité qui lui avait valu une nomination aux Big Brother Awards, qui veillent sur la protection de la vie privée et des libertés numériques. Critique sur la loi Hadopi, Isabelle Falque-Pierrotin avait aussi participé à sa génèse.

Mise à jour 2 – Sur son compte Twitter, la CNIL annonce qu'Isabelle Falque-Pierrotin a été réélue à la tête de l'autorité. Marie-France Mazars a été élue vice-présidente déléguée et Eric Pérès vice-président.

Mise à jour – Le député du Nord Sébastien Huyghe, également commissaire à la Commission nationale de l'informatique et des libertés, a annoncé sur Twitter l'élection d'Isabelle Falque-Pierrotin à la tête de la CNIL, en remplacement d'Alex Türk, démissionnaire.

Sujet du 16 septembre – Si l'on en croit la rumeur, relayée ce vendredi par Philippe Bailly, Isabelle Falque-Pierrotin pourrait être la nouvelle présidente de la CNIL, après la décision du très contesté Alex Türk de démissionner de l'institution. Si elle se confirmait la semaine prochaine, l'élection d'Isabelle Falsque-Pierrotin serait un choix stratégique pour Commission en charge de la protection de la vie privée.

La CNIL est en effet amenée de plus en plus ces derniers années à travailler sur des sujets liés au développement d'internet et des technologies numérique. Or Isabelle Falque-Pierrotin est restée pendant dix ans la présidente du défunt Forum des Droits sur Internet (FDI), dissous fin 2010, qui a développé de nombreuses doctrines sur la manière de réguler Internet.

Sa dernière recommandation portait sur la publicité ciblée, un sujet dont souhaite aussi s'emparer la CNIL. Elle recommandait de privilégier l'opt-out, c'est-à-dire la possibilité pour l'internaute de s'opposer à son ciblage marketing, plutôt que l'opt-in, qui impose de recueillir l'autorisation préalable.

Son travail sur le vote électronique, autre sujet d'importance pour la protection de la vie privée, avait valu à Isabelle Falque-Pierrotin d'être nominée aux Big Brother Awards en 2007, "pour sa collaboration déterminée à l'évitement de toute évaluation scientifique et contradictoire de l'utilisation du vote électronique en France". L'organisation qui veut dénoncer les atteintes à la vie privée avait rappelé les "antécédents" de la Conseillère d'Etat à ce sujet :

Isabelle Falque-Pierrotin a derrière elle un lourd passé : elle a depuis des années favorisé le développement du vote électronique, par Internet comme par machines à voter (cf la recommandation du FDI du 26/09/2003). Elle a édulcoré l'action de la CNIL : depuis qu'elle en est membre en 2004 (secteur des Libertés publiques), c'est elle qui signe les rapports basant les délibérations de la CNIL concernant le vote électronique. Son (in)action la plus notable concerne l'élection de l'Assemblée des Français de l'Étranger (nominée Orwell Etat & Elus en 2006) : la CNIL s'est contentée d'exprimer des " regrets ". Cela en dépit d'une parole plus sincère de fonctionnaires de la CNIL. Enfin, elle n'hésite pas à étaler publiquement sa méconnaissance du sujet.

Isabelle Falque-Pierrotin n'est pas non plus étrangère à l'Hadopi. Elle était en effet en 2007 l'une des trois personnalités réunies autour de Denis Olivennes pour préparer les fameux "accords de l'Elysée", qui ont abouti à la riposte graduée.

En 2005, Mme Falque-Pierrotin avait signé l'édito du livret "Adopte la Net Attitude", qui faisait la morale aux jeunes sur les conséquences du téléchargement illégal. "L'économie du "tout gratuit" est une fiction ! La plupart des acteurs du monde de la création ne sont pas d'accord pour que leurs œuvres circulent gratuitement sur le Net. Et le droit de la propriété littéraire et artistique les protège, comme il te protège lorsqu'il s'agit de ta musique ou de ton film perso", écrivait-elle. Ce qui ne l'a pas empêché, l'an dernier, de critiquer l'adoption de loi Hadopi qu'elle jugeait vouée à l'échec.

Son dernier fait d'arme en matière de numérique est un rapport sur le racisme sur Internet, dont nous avions globalement applaudi le sérieux. Isabelle Falque-Pierrotin s'y montrait réservée sur l'utilité du filtrage, mais demandait que les outils de blocage des contenus piratés sur les plateformes de vidéos en ligne soient utilisés pour bloquer les contenus racistes et xénophobes déjà signalés.

( photo : CC BY-SA Olivier Ezratty )

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