Rarement une décision du CSA n’aura été aussi mal comprise. La semaine dernière encore, un journaliste de France Télévisions nous sommait de ne pas citer Facebook lors d’un débat sur les réseaux sociaux (sic) auquel nous étions conviés. Il nous expliquait alors, craintif, qu’une circulaire de la direction avait relayé un avis du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, qui leur interdisait de désigner par leur nom les réseaux sociaux sur les antennes du groupe. La légende a la vie dure.
Dès la publication de cet avis, en mai dernier, nous avions indiqué sur Numerama qu’il s’agissait uniquement pour le CSA d’interdire aux chaînes TV et aux radios de faire la promotion explicite de leurs propres pages Facebook ou de leurs propres comptes Twitter. Certes, nous avions critiqué cette décision, en jugeant qu’elle contribuait « à isoler la télévision d’Internet« , et qu’appliquée à la toile, « c’est presque tout lien hypertexte qui deviendrait interdit« . Mais nous nous étions surtout moqués de la manière dont les chaînes TV avaient appliqué la décision avec un excès de zèle des plus ridicules, notamment lors de l’affaire DSK.
Le CSA a donc dû, une nouvelle fois, faire une mise au point par l’entremise du ministère de la Culture, qui ne voit pas dans l’avis du Conseil une « prohibition générale et absolue de toute mention des termes, tels que Facebook ou Twitter, sur les antennes des chaînes de télévision« .
« Le CSA s’est simplement borné à encadrer la pratique du renvoi aux pages ou comptes créés par les chaînes sur les réseaux sociaux (page Facebook, compte Twitter), pour enrichir leur antenne. Cette décision est cohérente avec celle qu’il a prise, voilà quelques mois, consistant à regarder comme publicitaires les renvois vers les applications iPhone et iPad d’Apple, en tant que marques commerciales, auxquelles il ne doit pas être fait référence en dehors des écrans publicitaires« , écrit le ministère.
« La citation des marques Facebook et Twitter reste possible, dès lors qu’elle revêt un caractère purement informatif, par exemple dans le cadre du journal télévisé pour relayer une information publiée sur Twitter ou dans le cadre d’un reportage sur le rôle de Facebook dans l’évolution des comportements sociaux« .
Même le fait de diriger les spectateurs vers les pages Facebook et comptes Twitter des chaînes n’est pas en soi prohibé, rappelle le ministère. « Ne revêtirait un caractère publicitaire prohibé que l’incitation appuyée à se connecter sur le site du réseau social où la chaîne possède une page ou un compte« . Il est donc possible de mentionner l’existence des pages Facebook de l’émission, mais pas de prononcer à l’antenne une formule incitative du genre : « Rejoignez-nous sur notre page Facebook ».
Voilà qui est clair. Mais qui restera sans doute ignoré encore pour très longtemps par les équipes davantage apeurées par la perspective d’un blâme incertain que par leur auto-censure excessive.
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