La rentabilité est décidément un objectif bien difficile à atteindre pour certains services de musique légaux, même lorsque ces derniers occupent régulièrement l’espace médiatique. C’est le cas de Spotify, qui est un acteur majeur de la musique en streaming sur le Vieux Continent. La plate-forme suédoise, lancée en octobre 2008, n’est toujours pas rentable trois ans après.
Le Financial Times s’est intéressé à la publication des résultats de Spotify pour l’année 2010. Une année importante pour le service, puisque c’est à cette date que l’ouverture de comptes gratuits sans invitation est arrivée en France, tandis que la barre des 750 000 abonnés payants a été franchie.
On apprend ainsi que les revenus de Spotify sont passés de 59,22 millions d’euros en 2009 à 72,16 millions en 2010. Les abonnements ont rapporté 51,5 millions d’euros, tandis que la publicité a permis d’engranger 20,06 millions d’euros.
Dans le même temps, le coût pour exploiter les catalogues des maisons de disques s’est aussi alourdi. Au global, les dépenses de la compagnie ont atteint 74 millions d’euros en 2010 (la grande partie de cette somme concerne le paiement de redevances aux détenteurs de droits musicaux). Cette somme s’approche fortement des estimations réalisées en novembre 2010 par un journal suédois.
Le coût du répertoire reste donc élevé et pèse lourdement sur les finances de Spotify. Pour un analyste, interrogé par le Financial Times, il n’est pas forcément urgent que le service musical rétablisse l’équilibre de ses comptes dans la mesure où il est investi dans son lancement aux Etats-Unis. Le service doit se montrer compétitif et acquérir au plus vite une part de marché importante.
À terme, il faudra toutefois envisager un « réalignement des coûts de licence » estime un autre analyste. « Les chiffres de croissance sont très positifs mais vous ne pouvez ignorer les pertes« . Pour ne pas saborder le développement de l’offre légale, il faudra très certainement alléger le poids des sommes réclamées par les maisons de disques pour exploiter les catalogues.
Si les ayants droit se montrent trop gourmands, le risque est grand de reproduire l’échec qu’a connu Jiwa l’an dernier. À l’époque, le service français avait dû fermer ses portes, incapable de fournir les minimums garantis très élevés demandés par les ayants droit. Malgré plusieurs tours de table pour lever des fonds, Jiwa s’est retrouvé dans une incessante course en avant.
En 2011, Spotify a conclu un partenariat avec SFR pour que l’opérateur télécom intègre le service musical dans certains de ses forfaits. Le logiciel de streaming musical a également été contraint d’apporter quelques restrictions au niveau de l’écoute gratuite, apportant ainsi des gages de bonne volonté aux ayants droit et pour augmenter ses sources de revenus en poussant les utilisateurs à opter pour un abonnement mensuel.
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