L’Université de l’Illinois à Chicago (UIC) a publié une étude très intéressante menée par Danah boyd, Eszter Hargittai, Jason Schultz, et John Palfrey, sur l’âge d’inscription des internautes sur Facebook. Et plus spécifiquement sur le rôle que jouent les parents dans les inscriptions des jeunes adolescents.
Les chercheurs rappellent en préambule que la loi COPPA interdit aux sites web américains de collecter des données personnelles d’enfants de moins de 13 ans sans l’autorisation des parents, et que c’est pour cette raison que Facebook interdit aux internautes de s’inscrire sur le réseau social avant cet âge. Mais selon un sondage mené auprès de 1 007 parents d’enfants âgés de 10 à 14 ans, 55 % des enfants de 12 ans ont déjà leur compte sur Facebook, ce qui est aussi le cas de 32 % des enfants de 11 ans, et 19 % des enfants de 10 ans. Chez les parents qui savent que leur enfant est sur Facebook, 72 % reconnaissent qu’il s’est inscrit avant l’âge de 13 ans.
Plus troublant, chez ces parents-là, plus des deux tiers (68 %) expliquent qu’ils ont même aidé leur enfant à s’inscrire sur Facebook avant l’âge requis. Ils ne voient apparemment aucun problème à ce que leur progéniture rejoigne très tôt le réseau social, malgré les risques réels ou supposés que peut poser Facebook, non seulement pour la vie privée de l’enfant, mais aussi pour sa sécurité face aux harceleurs et autres pédocriminels en puissance.
De quoi donner raison à Mark Zuckerberg, qui souhaite libérer l’inscription des moins de 13 ans pour mettre fin à l’hypocrisie.
Lorsqu’on leur demande qui doit décider du droit de l’enfant à s’inscrire ou non sur un site web, 93 % des parents jugent que c’est à eux de donner l’autorisation, et seulement 2 % estiment que c’est au gouvernement de fixer les règles. Soit autant que pour l’enfant lui-même. Pourtant, 48 % des sondés estiment que le gouvernement doit exiger des éditeurs de sites web qu’ils fixent un âge recommandé, à la manière des jeux vidéo et du cinéma. Un tiers estime que le gouvernement n’a rien à faire entre les parents et les éditeurs.
En France, une enquête de TNS Sofres révélait cet été que 20 % des enfants de 8 à 12 ans possèdent un compte sur Facebook. Là encore, avec l’approbation des parents. 97 % des enfants concernés affirmaient que leurs parents étaient au courant, mais seuls 55 % d’entre-eux surveillaient l’activité de leurs pré-adolescents.
En juin 2011, la Commission Européenne a publié les résultats d’une enquête qui montrait que 38 % des enfants de 9 à 12 ans fréquentaient les réseaux sociaux. Elle plaidait alors pour un renforcement des règles étatiques. « Les jeunes ne comprennent pas toutes les conséquences que peut avoir la divulgation en ligne de trop nombreux détails sur leur vie privée. L’éducation et la supervision parentale sont nécessaires, mais nous devons les renforcer par une protection supplémentaire jusqu’à ce que les jeunes soient en mesure de prendre des décisions en étant pleinement conscients des conséquences« , écrivait-elle. En septembre, elle a récidivé dans un rapport qui distinguait Dailymotion et Skyrock parmi les bons élèves européens de la protection des mineurs sur Internet.
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