Napster va disparaître. L’ancien service de peer-to-peer, reconverti depuis en boutique légale de musique, va être absorbé avec Rhapsody, une plate-forme de streaming gérée par RealNetworks. Né à la fin des années 1990, Napster a marqué durablement l’industrie musicale, contribué au succès du format MP3 et participé à l’émergence du P2P.

Clap de fin pour Napster. Le célèbre service de téléchargement en peer-to-peer a terminé sa carrière, douze ans après ses débuts. La plate-forme américaine a en effet annoncé cette semaine son ralliement à Rhapsody, un important service de streaming musical lancé en 2001 par RealNetworks. Poursuivi dès ses débuts par l’industrie musicale, Napster termine donc sa course au sein d’un service légal.

À l’origine, Napster était un logiciel de peer-to-peer centralisé créé en 1999 par Shawn Fanning et Sean Parker. Le service connaîtra très rapidement un succès fulgurant dans le monde entier, puisqu’il a permis à des millions d’internautes de s’échanger facilement de la musique sous format MP3. L’euphorie n’aura toutefois pas duré bien longtemps, puisque les majors se sont rapidement mobilisées contre Napster.

En juillet 2001, victoire judiciaire de l’industrie du disque. Furieuse contre Napster, elle obtient sa fermeture sur fond de violation du droit d’auteur. Or, ce qui était considéré au début comme une victoire des ayants droit s’est rapidement transformé en cauchemar. Et pour cause, au lieu de négocier en douceur des accords de licence, les majors ont frappé très fort sur un service sans imaginer les conséquences possibles.

En tuant Napster, ils ont en effet involontairement accéléré l’émergence des premiers services dotés d’une architecture décentralisée. Non seulement ces systèmes se sont avérés plus robustes, puisqu’ils ne s’appuient pas sur un point central, mais en plus ils sont nettement plus difficiles à abattre, d’autant que le caractère open source de nombreux logiciels empêche les majors de déterminer une cible précise.

Un an après la décision de justice, Napster est réapparu une première fois en 2002. Acheté par Roxio, le service s’était lancé dans l’offre légale en proposant aux internautes de débourser 13 dollars par mois pour écouter sur un PC de la musique protégée par des verrous numériques. Le service n’a jamais décollé, malgré une intense campagne médiatique outre-Atlantique.

Napster est alors racheté en septembre 2008 par la célèbre chaîne de distribution américaine Best Buy pour 121 millions de dollars. Les internautes pouvaient accéder de façon illimitée au catalogue du service, 7 millions de titres, pour 5 dollars par mois. Best Buy proposait également le téléchargement chaque mois de 5 morceaux au format MP3 sans verrou numérique.

Si Napster disparaît aujourd’hui dans une relative indifférence, le service aura néanmoins marqué très fortement le paysage musical sur Internet. Le service aura contribué à la popularité du MP3, un format dont l’algorithme de compression avec perte a permis de réduire considérablement la taille des fichiers, ce qui a facilité les échanges à une époque où le haut débit était loin d’être généralisé.

Napster aura également marqué définitivement l’industrie du disque, en popularisant la technologie du peer-to-peer. Si aujourd’hui celle-ci est concurrencée par le téléchargement direct et par le streaming, elle a poussé les maisons de disques à s’adapter à la révolution numérique et à mettre en opposition une offre légale conséquente pour inciter les internautes à revenir dans les clous du légal.

Reste que la prise de conscience de l’industrie musicale est survenue tardivement et nombre d’internautes ont modifié leurs usages de sorte qu’ils n’envisagent plus de revenir vers une consommation légale de la musique. L’industrie du disque regrette cette situation, à l’image des commentaires du patron de l’association de l’industrie britannique (BPI), Geoff Taylor.

Sans remettre en cause l’utilité des DRM, il a reconnu que l’industrie musicale n’aurait pas dû attaquer de front Napster, mais plutôt s’associer avec le service pour créer très tôt une offre légale en ligne et concevoir un modèle économique nouveau. Au lieu de ça, les ayants droit ont pris peur et ont manqué le virage de l’offre légale, laissant le peer-to-peer prendre la place.

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