Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand était l’invité du Mouv’, ce mardi matin. L’occasion pour lui de défendre une nouvelle fois la riposte graduée. « La solution d’Hadopi c’est la meilleure, contrairement à ce qu’on a pu dire, c’est celle qui commence à être reprise dans de nombreux pays, en Angleterre, en Espagne, où ils ont pris des lois encore plus fortes qu’Hadopi. J’étais à Hollywood il y a six mois, les grands cinéastes américains surveillent Hadopi du coin de l’oeil, avec beaucoup d’attention« , a-t-il défendu.
Selon le ministre, qui ne cite bien sûr aucune source à l’appui d’une telle déclaration, « on a réduit le piratage d’une manière considérable« . « L’effet de pédagogie est très fort« , assure Frédéric Mitterrand, qui ose une comparaison. « C’est un peu comme l’écologie ; il y a trente ans tout le monde se fichait de l’écologie (…) la vérité c’est que trente ans plus tard tout le monde considère l’écologie comme quelque chose d’absolument essentiel. Et bien c’est la même chose pour le piratage, pour le vol, le vol des artistes, le vol de leurs droits, le vol de leur rétribution« .
Cette comparaison est amusante puisque nous l’avons nous-mêmes souvent faite, dans un sens totalement opposé, pour prédire une montée en puissance des Partis Pirates en Europe. Il y a en effet un parallèle intéressant à faire entre deux courants politiques nées pour défendre une cause spécifique (l’écologie d’un côté, les libertés numériques de l’autre), avec l’intention de combattre des abus. Tous les deux ont commencé avec de très petits scores aux élections avant de prendre progressivement de l’importance dans l’électorat.
Lorsque nous l’écrivions, personne n’osait y croire jusqu’à ce que le Parti Pirate suédois accède au Parlement Européen en juin 2009. En France, avec une centaine de membres, le Parti Pirate est encore regardé de très haut, et il en est pour une grande partie responsable, n’ayant toujours pas résolu ses divisions internes qui le rongent depuis sa création. Mais il est intéressant de voir qu’en Allemagne, où les Verts ont justement une place importante dans le paysage politique, le Parti Pirate approche les 10 % d’intentions de voix au niveau nationale, et connaît plus de 18 000 membres.
La nouvelle Carte Musique marchera : « elle est très jolie »
La question du piratage est une question politique, et Frédéric Mitterrand aurait tort de croire qu’elle ne peut avoir qu’une seule issue. Tout comme l’écologie a progressivement irradié l’ensemble des partis politiques, le « piratage » pourrait lui aussi gagner progressivement la bataille de l’opinion, s’il propose d’autres modes de rémunération pour la création.
Face à la journaliste, qui lui affirmait qu’il est plus simple de télécharger illégalement que de télécharger légalement, Frédéric Mitterrand a contesté, puis ironisé. « Il est beaucoup plus facile de rouler à 180 sur l’autoroute que de rouler à 120, il est beaucoup plus facile de faire des choses délictueuses que des choses honnêtes et légales. C’est vrai, la légalité c’est toujours un peu plus austère« , dit-il.
Au sujet de la Carte Musique Jeune, Frédéric Mitterrand reconnaît facilement l’échec. « Le premier qui l’a dit c’est moi. La première Carte Musique n’a pas marché. On en a vendu effectivement 50000. Ca n’a pas marché parce que ça s’adressait à des gens qui ont pris l’habitude de télécharger illégalement, alors effectivement les faire revenir sur les habitudes en leur disant ‘vous allez payer quelque chose, mais vous aurez un cadeau en même temps’, ça n’était pas suffisant« .
Mais qu’on se rassure, la nouvelle Carte Musique disponible dans certaines grandes surfaces va marcher. Frédéric Mitterrand a des arguments bétons pour la défendre. « La deuxième carte est d’abord beaucoup plus facile à acquérir, elle est matérialisée, elle est très jolie, et puis les prix sont mieux ciblés« , affirme le ministre, qui se garde cependant de tout pronostic chiffré sur son succès. « Je ne mets pas du tout la barre à un million. Je dis simplement qu’un certain nombre de cartes vont être vendues« . C’est sûr.
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