Avec Internet, nous vivons dans un monde d’information quasi instantanée. La presse y est plus rapide que jamais. Mais la liberté de la presse et plus largement la liberté de l’information doit-elle désormais céder face aux enjeux financiers de plus en plus présents dans le sport ?


Avant qu’Internet ne vienne changer la donne, les grandes fédérations internationales de sport avaient besoin des média pour la promotion de leur sport et de leurs compétitions. Pas de retransmission en direct d’un match sans les paraboles de TF1 ou de Canal+. Pas de photographies dans tous les foyers sans le journal L’Equipe ou les pages sports de Libération.

Et puis Internet vient progressivement troubler les choses. Avec le développement du haut-débit, les sites officiels des grandes compétitions peuvent proposer eux-mêmes les retransmissions des matchs, moyennant paiement. Ils proposent eux-mêmes les résultats en direct, les photographies et les vidéos.

Autrement dit, la presse ne devient plus un allié de poids pour les fédérations sportives, mais un simple partenaire qui peut rapidement se transformer en concurrent. Comment attirer l’internaute sur le site officiel de la Coupe 2006 si lequipe.fr couvre l’évènement avec photos et vidéos à l’appui, minute après minute ?

Un muselage réglé par voie contractuelle

La semaine dernière, l’association mondiale des journaux (WAN) a rencontré la Fédération Interationale des Associations de Football (FIFA) pour discuter des droits de diffusion des photos et vidéos des matchs de la prochaine Coupe du Monde qui aura lieu en Allemagne en 2006. La très puissante fédération veut imposer aux média les mêmes règles que pour la Coupe des Confédérations, c’est-à-dire interdire aux journaux en ligne de diffuser la moindre image des matchs pendant les deux heures qui suivent le coup de sifflet final. Et pas question de diffuser des vidéos, même après ces deux heures de silence.

Si la FIFA arrive à imposer de telles règles, c’est qu’elle mène le bal de bout en bout. « Pour pouvoir placer un photographe ou un caméraman sur le terrain, la FIFA nous oblige à signer tout un contrat qui stipule noir sur blanc les restrictions d’exploitation des images, en temps en en nombre« , nous explique Larry Kilman, le directeur de communication de l’Association Mondiale des Journaux (WAN). Non seulement les journaux ne peuvent pas diffuser leurs photos dès le premier but marqué, mais en plus ils sont limités dans le nombre de photographies qu’ils ont le droit de publier sur leur site. Pour le WAN, c’est une atteinte évidente aux droits que devrait avoir la presse de diffuser les informations à court terme.

Kilman ajoute que « ça n’est pas un problème spécifique à la FIFA« . « Toutes les grandes fédérations, par exemple dans le golf et dans le rugby, tendent à imposer des règles de plus en plus restrictives« . Les organisations sportives se réservent désormais les droits de vidéo, qu’elles veulent pouvoir exploiter via le très juteux média qu’est la téléphonie mobile.

Il y a ainsi entre le sport et la presse sensiblement la même problèmatique qu’entre l’industrie culturelle et le P2P. La même problématique, qui repose sur un même enjeu : le monopole de distribution. Tout comme les majors du disque veulent s’assurer d’être les seules à pouvoir distribuer les œuvres musicales, aux conditions qu’elles fixent elles-mêmes, l’industrie du sport veut s’assurer le monopole de la distribution des images, pour les négocier à leurs propres conditions…

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