Il y aura un avant et un après Free Mobile. Depuis la conférence de presse de Xavier Niel, qui a présenté un forfait principal illimité et sans engagement à 19,99 euros par mois ainsi qu’un forfait secondaire à 2 euros pour répondre aux petits consommateurs, les opérateurs mobiles ont commencé à bouger. C’est le cas de Virgin Mobile, contraint par la fuite de ses abonnés, ou d’Orange, qui a cassé les prix de son forfait low cost, Sosh.
En charge de la régulation des communications électroniques et des postes, l’Arcep a suivi avec attention le lancement commercial de Free Mobile. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son président est ravi de l’animation qu’apporte le trublion des télécoms à un secteur trop longtemps atone. Interrogé par Les Échos, Jean-Ludovic Silicani a estimé que l’offre de Xavier Niel va changer la donne.
Selon le président de l’autorité administrative indépendante, Free Mobile se différencie à quatre niveaux. Tout d’abord, les forfaits proposés par le quatrième entrant sont simples et peu nombreux. Il n’y en a que deux, alors que le secteur compte aujourd’hui près d’un millier d’offres mobiles. La solution à 2 euros a même surpris Jean-Ludovic Silicani, qui est « l’équivalent d’un service universel mobile« .
La deuxième rupture repérée par l’Arcep porte sur la séparation complète du prix du forfait de celui du terminal. Les mobiles ne seront plus subventionnés à travers l’abonnement. Pour acquérir un smartphone, l’opérateur propose de l’acheter immédiatement ou d’étaler son paiement sur 12, 24 ou 36 mois selon les moyens et les envies du client.
« En troisième lieu, la relation entre l’opérateur et le client se fera essentiellement par Internet » poursuit Jean-Ludovic Silicani. Ce point n’a pas manqué d’être critiqué par les autres opérateurs, qui estiment que ce choix se traduira par un service de moins bonne qualité. Orange, SFR et Bouygues Télécom comptent en effet mettre en avant la qualité du réseau et l’efficacité du service client pour contrer Free Mobile.
La dernière rupture constatée par l’Arcep concerne la grille tarifaire de Free Mobile, nettement plus attractive que les forfaits des autres opérateurs. « C’était d’ailleurs l’objectif de l’attribution de cette quatrième licence mobile » rappelle le président de l’Arcep, suite au constat « que le marché mobile avait une structure oligopolistique et donc insuffisamment concurrentielle« .
« Ce marché se caractérisait par une rente de situation. Il fallait un nouvel entrant pour l’animer car le prix du panier moyen de consommation mobile en France était supérieur à celui des autres pays européens comparables« . Et cela a marché, puisque Orange, SFR, Bouygues Télécom et les MVNO sont en train de riposter en faisant évoluer leurs tarifs à la baisse.
Si l’Arcep apprécie le retour de la compétition dans le secteur de la téléphonie mobile, il reste encore à déterminer si le modèle économique établi par Free est viable. Car l’opérateur doit respecter certaines obligations, à commencer par une couverture de la population suffisante. Ainsi, Free Mobile doit atteindre la barre des 75 % en janvier 2015.
À l’heure actuelle, l’opérateur dispose d’une couverture d’un peu moins de 30 %. Pour assurer la couverture complète du territoire, Free Mobile a passé un accord d’itinérance avec Orange dont le volet financier est tenu secret. Il faudra donc déployer rapidement de nouvelles antennes-relais afin de répondre aux exigences de l’Arcep et se dégager peu à peu du partenariat avec Orange.
Jean-Ludovic Silicani a enfin rappelé qu’une offre mobile ne peut se limiter à un prix, aussi bas soit-il. Il est essentiel que la qualité soit au rendez-vous « Une autre chose que nous regarderons de près est la qualité de service. Une offre, c’est un prix et un service. Cela passe par un service après-vente efficace. Nous vérifierons aussi que l’offre illimitée le soit véritablement« .
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