Le chanteur et guitariste canadien Neil Young estime que le piratage sur Internet est en fin de compte la même chose que l’enregistrement de musique diffusée à la radio. C’est de cette manière que les nouvelles découvertes musicales se font. Cependant, Neil Young est persuadé que ce n’est pas une fatalité. L’industrie du disque a les moyens de répondre au piratage autrement que par la répression : il suffit de proposer une offre légale au moins équivalente à ce qui est disponible illégalement

C’est une déclaration qui ne manquera pas d’être abondamment commentée. Convié à une conférence organisée par All Things D, le chanteur et guitariste canadien Neil Young a tenu un discours sur le piratage et Internet quelque peu différent de la position traditionnellement défendue par l’industrie de la musique en général, et les maisons de disques en particulier.

« Je considère Internet comme une nouvelle radio » a avancé l’artiste, estimant que la radio d’autrefois, celle qu’il a en mémoire, a disparu. À la place, il y a désormais le téléchargement illicite. « C’est de cette façon que la musique se propage« . Les internautes ne passent plus par les stations FM pour découvrir de nouveaux artistes, de nouveaux talents ou de nouveaux genres.

Bien entendu, il y a une différence de taille entre les radios FM et Internet. En France, les premières bénéficient d’une licence obligatoire leur donnant l’autorisation de diffuser tous les titres qu’elles souhaitent, à condition de rémunérer les titulaires de droits aux tarifs négociés collectivement. Un tel mécanisme n’existe pas avec Internet.

Les radios versent à la SPRE ce qu’elles doivent pour les droits voisins (producteurs, artistes-interprètes), qui redistribue ensuite aux quatre SPRD (SCCP, SPPF, ADAMI et SPEDIDAM), qui elles-mêmes redistribuent aux ayants droit. Par ailleurs, les stations FM paient également une rémunération à la Sacem, qui se charge ensuite de la reverser aux auteurs et compositeurs.

L’offre légale de qualité, la meilleure arme contre le piratage

De ce constat, Neil Young s’interroge alors sur la qualité de l’offre légale. À quoi bon se battre contre le phénomène du piratage si dans le même temps le catalogue proposé aux internautes n’est pas au niveau ? Si la musique proposée sur les plates-formes n’est pas d’une qualité technique supérieure, c’est-à-dire présentant un excellent format audio, que ce qui est disponible sur Internet, alors c’est inutile.

La meilleure manière de contrer le téléchargement illicite est de proposer une jolie carotte à l’internaute et non pas de le menacer avec un bâton. C’est la valeur ajoutée offerte par le service qui sera la meilleure réponse au piratage. Cela n’éradiquera pas le piratage, mais cela conduira des consommateurs à sortir leur porte-monnaie au lieu de se rendre sur BitTorrent ou sur un hébergeur spécialisé.

Ce n’est pas en se dispensant d’un véritable effort sur la qualité des produits proposés à la vente que l’industrie du divertissement redressera la barre. Il suffit de voir les comparatifs en la matière. En 2007, Gizmodo avait comparé une vidéo téléchargée sur un réseau P2P et celle achetée sur iTunes. Même série, même épisode. La différence était alors flagrante.

Dans le domaine de la musique en ligne, le format le plus commun est le MP3. Et pour cause, son algorithme de compression permet de réduire drastiquement la taille du fichier au prix de quelques sacrifices. En effet, certaines données sont détruites au cours du processus. Lorsque le haut débit était encore rare, le MP3 était donc bien plus pratique que d’autres formats plus lourds.

Pour Neil Young, le MP3 sur Internet est donc, d’une certain façon, équivalente à la mauvaise qualité sonore accessible via la radio. Maintenant que le haut débit est généralisé, le chanteur canadien invite l’industrie de la musique à passer rapidement à la « qualité CD » sur Internet, c’est-à-dire à proposer de nouveaux formats, de meileure qualité, pour couper l’herbe sous le pied du piratage.

C’est par ce côté que l’industrie musicale doit répondre au piratage. Neil Young en est en tout cas persuadé : c’est par la qualité et la valeur ajoutée que le téléchargement illicite sera combattu le plus efficacement. Car en fin de compte, ce phénomène n’est que la conséquence de l’inadaptation de ces anciennes industries à l’ère numérique.

( photo : BY-NC Andrea Barsanti )

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