Entendu fin janvier par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Xavier Niel a saisi cette occasion pour préciser ses intentions dans la téléphonie mobile, répondre face aux multiples accusations dont son entreprise est l’objet et tacler, non sans plaisir et à plusieurs reprises, ses concurrents, qu’il reproche de ne pas jouer le jeu de la saine concurrence.
Au cours de cet échange avec les députés, le fondateur et patron de Free a notamment révélé que Bouygues Télécom avait envoyé des huissiers pour vérifier le fonctionnement d’antennes-relais situés en Bretagne. Le vice-président d’Iliad, la maison-mère de Free, avait alors déploré la stratégie de dénigrement pour empêcher le quatrième opérateur de s’installer en créant une image malsaine du nouvel arrivant.
Or d’après les informations du Parisien, Bouygues Télécom n’est pas le seul opérateur à avoir mobilisé des huissiers de justice. C’est aussi le cas de SFR. Les deux opérateurs ont très certainement cherché à savoir si Free Mobile a effectivement atteint le seuil minimal de couverture de la population imposé par l’Arcep, à savoir 27 %, le reste passant par l’accord d’itinérance conclu avec Orange.
Si les conclusions rapportées par Le Parisien sont exactes et si les enquêtes des huissiers ne sont pas faussées d’une façon ou d’une autre, la situation serait particulièrement sombre pour Free Mobile. En effet, les antennes-relais de Free Mobile ne transporteraient qu’entre 3 et 6 % de l’ensemble du trafic des abonnés Free Mobile, ce qui ne colle pas avec le taux de couverture de la population exigé par l’Arcep.
Ce serait donc Orange, à en croire les informations des huissiers diligentés par SFR et Bouygues Télécom, qui transporterait l’essentiel du trafic destiné aux clients Free Mobile. Est-ce suffisant pour remettre en cause l’avenir et la stratégie de Free Mobile ? En tout cas, Le Parisien assure que les informations collectées par SFR et Bouygues Télécom ont été communiquées au régulateur.
Il faut toutefois se garder de conclusions trop hâtives. Dans les deux exemples évoqués par Le Parisien, Paris et Marseille, le cas de la capitale est particulier. Les procédures pour obtenir le droit de déployer de nouvelles antennes-relais sont particulièrement longues, ce qui freine la progression de la couverture de la population (Paris étant la ville la plus peuplée de France, avec plus de 2,2 millions d’habitants).
Il existe néanmoins de nombreuses autres villes très peuplées. Citons Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Lille, Rennes, Reims, Le Havre, Saint-Etienne, Toulon ou Dijon, pour ne citer que les villes ayant plus de 150 000 habitants. Xavier Niel avait d’ailleurs rappelé que les grandes et moyennes communes sont équipées d’antennes-relais Free Mobile.
Paris et Marseille ont beau être très peuplées, ce n’est pas la France. Or, le taux exigé par l’Arcep concerne l’ensemble de la population et pas uniquement ces deux villes, même si leur couverture est une étape essentielle pour progresser très rapidement. Selon les conditions d’attribution de sa licence 3G, Free devra déployer un réseau en propre capable de couvrir au moins 90 % de la population en 2018.
Le fin mot de l’histoire devrait de toute façon être bientôt connu. Dans un message publié fin janvier, l’Arcep a annoncé qu’au moins une vérification supplémentaire sur le terrain aura lieu, avec la même méthode que celle utilisée lors des précédents contrôles. Les résultats de l’autorité seront ensuite rendus publics, dans un souci de transparence.
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