Présenté comme l’une des plaques tournantes majeures du piratage sur Internet par les industries culturelles, MegaUpload a disparu du paysage numérique depuis maintenant plus de deux mois. Les internautes qui fréquentaient cette plate-forme ont depuis bien été obligés de migrer sur d’autres sites web. Mais leurs usages ont-ils vraiment changé suite à l’arrestation de Kim Dotcom et ses comparses ?
Une étude commandée à l’IFOP par Clubic, appartenant au groupe M6, montre que l’arrêt de MegaUpload n’a eu qu’un effet relativement limité sur l’attitude des internautes français s’adonnant au téléchargement illicite. Parmi les 461 personnes sur 1249 affirmant avoir déjà piraté des contenus protégés par le droit d’auteur, soit 37 % de l’échantillon total, moins de la moitié (48 %) affirme avoir arrêté depuis la mise hors service de MegaUpload.
À l’inverse, 52 % de l’échantillon de 461 personnes n’auraient pas l’intention d’arrêter de pirater des films, des albums ou des séries même si la disparition de l’hébergeur en a conduit certains à lever le pied. Seuls 21 % des 52 % comptent continuer au même rythme qu’avant tandis que les 31 % autres assurent avoir diminué leur consommation illégale d’œuvres protégées.
Ce clivage entre les 48 % assurant avoir cessé et les 52 % affirmant vouloir continuer révèle également une fracture générationnelle, puisque les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont fortement représentés (71 %) dans le deuxième pourcentage tandis que les personnes de plus de 65 ans sont très présentes (74 %) dans le premier. Autrement dit, le téléchargement illicite est une activité qui concerne d’abord les moins de 35 ans.
Faut-il donc voir dans ces données le signe que la lutte contre le piratage est en train de payer ? Peut-être, mais uniquement à la marge. Car en effet, les 48 % qui affirment avoir cessé de pirater depuis la fermeture de MegaUpload et de sites équivalents n’étaient pas les plus actifs sur les réseaux P2P, les newsgroups ou les plates-formes de téléchargement. Ce sont avant tout des « petits » téléchargeurs qui arrêtent (68 %).
Et pour les personnes téléchargeant illégalement de façon régulière ? Aucun véritable changement n’est à prévoir. 86 % des 52 % vont continuer à le faire, notamment les plus jeunes. Près des trois quart (71 %) des jeunes de moins de 25 ans n’ont pas l’intention de s’arrêter. Les pirates plus réguliers, qui sont la cible principale des dispositifs comme Hadopi, continueront comme si de rien n’était.
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