Que sont devenus les trois millions d’internautes français qui fréquentaient MegaUpload, avant sa fermeture en janvier par les autorités américaines ? Deux mois après l’arrestation de Kim Dotcom et de ses compagnons, il est toujours aussi délicat de connaître avec précision l’attitude de ces visiteurs qui avaient pris pour habitude de télécharger illégalement des films, des séries ou des albums de musique.
C’est pourtant à cette tâche que s’est attelée la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, dans la mesure où l’autorité publique indépendante a notamment pour rôle d’observer l’utilisation licite et illicite des contenus culturels sur la toile. Elle a ainsi publié ce mercredi une note d’information (.pdf) sur l’impact de la disparition de MegaUpload sur les offres légales.
Afin de déterminer si l’arrêt de MegaUpload a conduit des internautes à se rendre sur les plates-formes autorisées, la Hadopi s’est penchée sur l’audience des services de contenus audiovisuels en vidéo à la demande (VOD) ou en télévision de rattrapage (catch-up TV). Et – surprise ! -, la Hadopi a constaté une hausse du trafic chez les différents sites web auscultés.
+25,7 % pour la VOD, la TV de rattrapage et les agrégateurs
« L’audience quotidienne moyenne sur les plates-formes de VOD, catch-up TV et agrégateurs a augmenté de 25,7 % entre les semaines de janvier précédant la fermeture et celles postérieures à l’arrêt des activités de MegaUpload. Dans le même temps, on constate une diminution de 19,5 % du nombre moyen de visiteurs uniques quotidiens sur les sites de streaming » écrit la Hadopi.
En visiteurs uniques quotidiens, la moyenne quotidienne pour la VOD, la catch-up et les agrégateurs est passée de 748 000 avant le 19 janvier à 941 000 du 19 au 31 janvier. À l’inverse, les sites de streaming gratuit ont vu la moyenne quotidienne des visiteurs uniques passer de 517 000 avant le 19 janvier à 416 000 du 19 au 31 janvier.
Toujours selon la note d’information, ce sont les agrégateurs / portails qui ont connu la plus forte hausse sur la période analysée : +85 % avec une fréquentation moyenne par jour passant de 59 000 à 109 000. La VOD arrive en deuxième position (+35 %), avec une moyenne progressant de 244 000 à 330 000. La télévision de rattrapage ferme la marche (+ 25 %), avec une évolution de 452 000 563 000.
Un échantillon de 50 sites web composant l’offre légale
Pour calculer ces variations, la Haute Autorité explique qu’elle s’est basée sur les données d’audience web de Médiamétrie / Netratings sur un échantillon de 50 sites web représentant les diverses formes d’offre légale et dont la taille du catalogue varie d’un service à un autre. À noter que l’audience de YouTube, Dailymotion et Vimeo n’a pas été intégrée dans les statistiques du streaming.
Pour l’Hadopi, il est clair que la fermeture de MegaUpload a permis un report d’audience significatif vers les plates-formes légales « directement substituables, accessibles sur le Web depuis un ordinateur personnel« . Ces dernières semaines, les chaînes de télévision, qui financent fortement le cinéma en France, ont mis en exergue une hausse du trafic et une augmentation de la consommation légale.
C’est le cas de Canal+, qui a annoncé début février une montée de 20 % des ventes de vidéo à la demande sur son service CanalPlay depuis l’arrêt de MegaUpload, en corrélant les deux évènements. Même chose chez TF1 et M6, qui ont mis en avant une hausse de 40 % sur MyTF1.fr et un multiplicateur de quatre pour les programmes de W9.
L’offre légale en profite, le P2P et les rivaux de MegaUpload aussi
Pour autant, tout est une question de relativité. Comme nous l’avions souligné alors, MyTF1 a beau avoir officiellement enregistré une hausse de 40 % suite à l’arrêt de MegaUpload, encore faut-il que l’audience sur laquelle est basée ce pourcentage soit suffisamment élevée pour que cela représente quelque chose. Or, les statistiques fournies par Alexa montrent que la fréquentation du service est assez faible.
Il ne faut pas oublier aussi que le comportement des usagers reste complexe à observer. Certes, il est évident que des usagers qui ont fréquenté MegaUpload ont pu se rendre sur des plates-formes légales. Dire le contraire serait faux. Par contre, la question est de savoir si cette visite est un épiphénomène ou si elle va s’inscrire dans la durée… et se traduire aussi par des achats ou des abonnements.
Enfin, d’autres internautes n’ont aucune envie de quitter le maquis numérique. Suite à la disparition de la galaxie Mega, l’intérêt pour le peer to peer a explosé notamment sur les réseaux eMule et BitTorrent. Même observation chez les services d’hébergement concurrents de MegaUpload. La fréquentation de sites comme RapidShare, Hotfile ou Depositfiles a bondi dans les heures qui ont suivi.
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