Un sondage portant sur la proposition de Nicolas Sarkozy de punir pénalement la visite habituelle de sites web promouvant les idéologies extrémistes révèle le sentiment partagé des Français. Si une majorité considère qu’il faut combattre le terrorisme, la haine et la violence, elle estime dans le même temps qu’une telle disposition pourrait restreindre les libertés individuelles des internautes.

Dans la foulée des tueries de Toulouse et Montauban, Nicolas Sarkozy a annoncé la modification de la législation antiterroriste française pour tirer les leçons de l’affaire Mohammed Merah. Plusieurs mesures ont été annoncées par le président de la République, dont une a fait beaucoup parler d’elle. Il s’agit punir pénalement ceux visitant régulièrement les sites terroristes.

« Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font l’apologie du terrorisme, ou véhiculant des appels à la haine ou à la violence, sera puni pénalement« , a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy. Cette mesure s’inspire d’une disposition déjà présente dans le Code pénal et portant sur la consultation de sites pédopornographiques.

Comment la proposition est-elle perçue dans l’opinion publique ? Pour le savoir, une ourrait conduire à restreindre les libertés des internautes » » target= »_blank »>enquête menée par BVA et signalée par Challenges auprès de 1039 individus âgés de 15 ans et plus a été conduite les 29 et 30 mars. On découvre que pour 55 % des sondés, la pénalisation de la navigation régulière sur les sites web promouvant le terrorisme, la haine ou la violence est une mesure « qui va dans le bon sens« .

Mais si les Français sont une majorité à considérer qu’il faut en passer par là pour combattre les idéologies extrémistes, ils sont aussi 52 % à reconnaître qu’une telle modification de la législation antiterroriste « pourrait conduire à restreindre les libertés des internautes« . Faut-il conclure que les Français sont prêts à rogner sur leur liberté pour contrer les menaces pesant sur la démocratie ?

Les Français ne sont en tout cas pas dupes. Une majorité (55 %) estime que la proposition de Nicolas Sarkozy ne sera pas efficace. Et pour cause, ce n’est pas parce qu’on sanctionne la visite régulière de sites en ligne que les bombes artisanales cesseront d’être confectionnées, que les loups solitaires ne poursuivront pas leur tâche, que les idéologies disparaîtront.

Surtout, le train de mesures proposées par le président de la République ne trompe personne en cette période d’élection présidentielle. Une immense majorité de sondés (71 %) estime qu’il s’agit avant tout d’une proposition à visée électoraliste. Il s’agit d’abord d’instaurer un sentiment de sécurité, en laissant entendre que des actions sont prises dès qu’un drame apparaît sur la scène médiatique.

Sans nul doute, la modification aurait fait bondir Benjamin Franklin, dont l’une des citations est désormais régulièrement citée pour contester la surenchère sécuritaire au détriment des libertés individuelles. « Ceux qui sont prêts à abandonner une liberté fondamentale pour obtenir temporairement un peu de sécurité, ne méritent ni la liberté ni la sécurité« .

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