Pékin ne veut pas laisser prendre de l’ampleur à la très romanesque « affaire Bo Xilai« , qui menace de fragiliser la stabilité du régime à l’approche du renouvellement du Politburo du Parti Communiste Chinois (PCC), en octobre prochain.
Annoncé comme prétendant au comité permanent du PCC, le cercle restreint de neuf dirigeants qui décident du sort de la Chine, Bo Xiai a été limogé le 15 mars dernier de son poste de patron du Parti à Chongqing, la plus grande ville du monde. Il est en disgrâce, exclu du Politburo. Sa femme, Gu Kailai, la « Jackie Kennedy chinoise », est aujourd’hui accusée d’avoir été l’instigatrice en novembre dernier du meurtre de l’homme d’affaires britannique Neil Heywood, proche des services d’espionnage de la Reine, qui a été incinéré en Chine sans autopsie. Le tout tandis que le bras droit de Bo Xiai, le « superflic » Wang Linjun, s’est réfugié début février dans un Consulat américain (avant d’être remis aux autorités chinoises), et est suspecté d’avoir aidé Bo Xiai à monter un coup d’état.
Pour ne pas laisser l’affaire déstabiliser le régime, les autorités chinoises ont décidé de partir en chasse de tous ceux qui véhicules des « rumeurs » concernant Bo Xiai et son entourage. Jeudi dernier, l’agence de presse officielle Chine Nouvelle a indiqué que Pékin a fait fermer 42 sites internet et obtenu la suppression de 210 000 messages.
Le mois dernier, deux sites politiques « de gauche » ont été sommés de fermer pendant un mois, pour avoir « calomnié des dirigeants d’état » et avoir exprimé des « vues obscures » sur la politique. 16 sites avaient déjà été fermés début avril, avoir relayé des rumeurs selon lesquelles des « véhicules militaires entrent à Pékin » et six personnes avaient été arrêtées. Pendant trois jours, il était impossible de poster des messages sur les services Sina et Tencent, les deux plateformes de microblogging (à la Twitter) les plus populaires en Chine.
Par ailleurs selon l’AFP, deux jours après l’annonce de l’éviction de Bo Xilai du Politburo et des accusations de meurtre portant sur sa femme, il était impossible d’utiliser certaines termes de recherche en Chine, comme « enquête », « lutte politique » ou le nom des protagonistes.
Interrogé par le Guardian, le co-fondateur de Google Sergey Brin s’est dit « plus inquiet que je l’ai été dans le passé » sur la possibilité pour la Chine de contrôler la diffusion d’informations sur Internet. « C’est effrayant« , juge-t-il.
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