Alors que la dématérialisation supprime les coûts de fabrication et d’acheminement, les frais liés aux boutiques, les salaires des vendeurs, le stockage, etc., les jeux disponibles en téléchargement sont 30% plus chers que leurs versions en boîte vendues dans les boutiques physiques. Une différence que les éditeurs de jeux vidéo ont du mal à justifier…

Contrairement à l’industrie du cinéma ou de la musique qui semble avoir pris la dématérialisation des supports comme une malédiction, les professionnels du jeu vidéo l’ont accueilli avec ferveur.

Que ce soit sur PC ou sur Mac, où le phénomène est plus ancien, ou sur les consoles de jeux vidéo qui sont dotées de boutiques virtuelles intégrées à leurs interface, les éditeurs proposent une offre aujourd’hui très large de jeux dématérialisés. Plus besoin de se rendre en magasin pour acheter le jeu en boîte, il suffit de le télécharger.

Aujourd’hui, la quasi totalité des jeux qui sortent en rayons sont également proposés sur les Xbox Live, Sony Entertainment Network (SEN, remplaçant du PlayStation Network) ou sur les plateformes spécialisées comme le célèbre Steam de Valve ou son concurrent GameStop.

Sans boutique physique à éclairer, sans vendeurs à rémunérer, sans support physique à fabriquer, sans coût de transport pour acheminer les jeux, sans coût de stockage ni rivalité dans l’espace pris par les différents produits dans les rayons, les prix des versions dématérialisées devraient être largement inférieurs à leurs équivalents physiques. Devraient.

Car en réalité, c’est loin d’être le cas, et c’est même plutôt l’inverse. En effet, Numerama a comparé les prix des versions en boîte et dématérialisées de 20 jeux ayant moins d’un an d’existence et ayant connu un succès commercial important.

La liste complète est disponible sur Google Documents pour ceux qui souhaitent consulter les données de notre enquête. En moyenne, nous avons constaté que le prix des versions dématérialisées était 29,5% supérieur au prix des versions physiques !

Ainsi, des titres majeurs comme Call of Duty Black OPS étaient 33% plus cher sur Steam que le prix le moins cher, port compris, sur notre comparateur de prix qui référence les prix constatés sur les boutiques en ligne. Batman Arkham City est 40% plus cher sur le Xbox Live PC qu’en boîte, Mass Effect 3 est 37,8% plus cher sur le SEN qu’en version physique et Skyrim est 26% plus cher sur la plateforme de Valve que lorsque l’on achète le disque.

La palme revient à Need For Speed : Hot Pursuit, vendu 49,99 euros sur la boutique de Sony et que l’on trouve à seulement 22 euros chez un e-commerçant. La différence est donc de 56% ! Sur le podium, nous retrouvons Driver : San Francisco, vendu 53,4% plus cher sur PS3 qu’en boîte et DiRT 3, vendu 52% plus cher sur le Xbox Live.

Comparer ce qui est comparable

Pour le SELL (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisir), que nous avons contacté, ces tarifs ne seraient pas comparables. Georges Fornay, son secrétaire général, nous explique en effet que les jeux ne sortant pas au même moment en boîte et sur les plateformes de téléchargement (à l’image des sorties cinéma et DVD pour les films, sans que cela ne soit encadré légalement), le prix a le temps de baisser en boutique avant la sortie numérique.

Pourtant, les jeux que nous comparons ne sont pas tous récents et le prix dématérialisé aurait, lui aussi, eu le temps de baisser. « Les éditeurs veulent peut-être protéger les circuits de distribution classiques » avance Georges Fornay, sans toutefois paraître très convaincu par cette hypothèse. Ces réseaux physiques ont, d’ailleurs, toute latitude sur les prix pratiqués ce qui permet à certains hypermarchés d’être très agressifs.

Le SELL nous invite donc à comparer ce qui est comparable. La PlayStation Vita est la première console à proposer des jeux en boîte et en téléchargement en même temps et, pour George Fornay, les prix seraient alors les mêmes. Pourtant, nous constatons de notre côté que, par exemple, WipEout 2048 est vendu 17,4% moins cher en boite que sur le SEN et Uncharted Golden Abyss, l’un des titres phares de la console, coûte 22,4% plus cher en téléchargement.

Contactés en début de semaine, EA, Activision et CodeMasters que nous avons sollicités pour avoir leurs explications ne nous ont pas encore répondu.

Les réseaux physiques préservés… pour le moment

Les vendeurs traditionnels, qu’ils soient en ligne ou en boutique, sont donc encore les grands gagnants de cette politique tarifaire. Rien ne justifie aujourd’hui que les tarifs des jeux dématérialisés soient aussi élevés, d’autant que le support physique permet la revente et que le marché de l’occasion est encore très fort dans le jeu vidéo. C’est d’ailleurs sur l’occasion que les boutiques indépendantes font la plus grosse partie de leur marge.

Cependant, les éditeurs multiplient les dispositifs visant à réduire ce marché : codes indispensables au jeu et à usage unique, disque lié à un compte en ligne… Si à terme les boutiques physiques disparaissaient, asphyxiées par ces attaques sur le marché de l’occasion, le dématérialisé et ses tarifs exorbitants auraient alors le champ libre pour faire payer aux joueurs des jeux bien trop chers.

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