C’est un recrutement qui fera beaucoup de bruit dans l’industrie numérique française et dans l’administration. Google a recruté Benoît Tabaka, qui était jusqu’alors le le secrétaire général du Conseil National du Numérique (CNNum). Un recrutement qui est loin d’être anodin pour le moteur de recherche dans le cadre du lobbying qu’il exerce en France et en Europe sur de multiples fronts.
Google veut échapper à une plus forte imposition de ses activités (la fameuse « Taxe Google » souhaitée par les parlementaires français), protéger le statut juridique protecteur dont bénéficient toujours les intermédiaires techniques face notamment aux contenus piratés auxquels ils peuvent donner accès, et affronter les nombreuses procédures en abus de position dominante qui sont déjà lancées, ou qui s’annoncent.
Or l’influence de Benoît Tabaka et son savoir-faire dans les « relations institutionnelles » (le lobbying) pourraient s’avérer précieux, tout autant que son expertise juridique reconnue. Avant de devenir le secrétaire général du CN Num, Benoît Tabaka avait été responsable des sujets liés au commerce électronique au sein du Forum des droits sur l’internet (l’ancêtre du CNNum), puis responsable juridique et réglementaire de PriceMinister. Il avait aussi été le secrétaire général de l’Asic, l’association qui regroupe des acteurs du web comme Microsoft, Google, Yahoo, Facebook, eBay, ou Dailymotion.
Selon L’Express, Benoît Tabaka « va rejoindre l’équipe des relations institutionnelles [de Google] qui compte, notamment, Elizabeth Bargès, chargée des médias au cabinet du Premier ministre, ainsi qu’Alexandra Laferrière, ancienne directrice conseil chez Euro RSCG »« .
Ce recrutement pourrait cependant discréditer plus encore le Conseil National du Numérique mis en place par Nicolas Sarkozy, qui était déjà contesté pour être composé exclusivement d’industriels. Dans le cadre de ses missions, le CNNum a eu à publier différents avis qui ont directement concerné Google, notamment celui du 10 juin 2011 sur la taxe sur la publicité en ligne, qui avait été très critique, complété le 14 février dernier par un avis sur « ses pistes de réflexion en matière de fiscalité du numérique« . Notons cependant que dans celui-ci, le CNNUm plaidait pour « une réforme tendant à remettre sur un même pied d’égalité l’ensemble des acteurs générant des revenus à partir du territoire français« , ce qui ne semblait pas aller dans le sens le plus favorable pour Google.
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