Le Premier ministre pakistanais a désavoué son ministre des nouvelles technologies, en demandant que le blocage de Twitter ordonné ce week-end soit levé. Mais le gouvernement demande tout de même que les contenus « anti-islamiques » (ou jugés comme tels) soient bloqués sur le réseau social.

Les autorités du Pakistan semblent avoir du mal à choisir la bonne politique à adopter, entre leur volonté de faire respecter la loi islamique sur l’internet consulté par les Pakistanais, et leur volonté de ne pas laisser le Pakistan se refermer sur lui-même. Ce qui donne lieu à des couacs au plus haut niveau de l’Etat.

Ce week-end, le ministère des technologies de l’information avait agi de son propre chef pour faire bloquer tout Twitter après qu’un nouveau concours de caricatures du Prophète Mahomet y fut organisé par quelques utilisateurs (déjà en 2010, le Pakistan avait bloqué tout Facebook parce qu’une page avait été ouverte par un internaute pour y récolter des dessins illustrant le prophète islamique, ce qui est perçu comme un blasphème).

Lorsqu’il a pris connaissance de la nouvelle, le Premier Ministre pakistanais Yousaf Raza Gillani a demandé que le blocage soit immédiatement levé, ce qui fut fait après quelques heures.

C’est ensuite le ministre de l’intérieur Rehman Malik, qui avait démenti samedi les rumeurs d’un blocage imminent de Facebook et Twitter, qui s’est exprimé sur Twitter pour expliquer la position du gouvernement. « Comme ordonné, Twitter a été débloqué mais je demande d’arrêter les contenus anti-Islam sur Twitter qui blessent [la communauté islamique]« , a-t-il écrit.

Il demande à tous les membres du réseau social de re-tweeter un message qui « condamne tous ceux qui génèrent des tweets anti-islamiques« .

Mais Rehman Malik explique également qu’il a demandé à Twitter de bloquer tous les messages qu’il estime « anti-islamiques », ce que le service américain aurait refusé. « Une ordonnance est désormais délivrée à Twitter via Interpol pour bloquer de tels contenus« , assure le ministre pakistanais.

Cette nouvelle péripétie confirme les difficultés du Pakistan face à la censure, et les tensions internes sur le sujet. En début d’année, le ministère qui a ordonné le blocage de Twitter avait publié un appel d’offres pour déployer un outil de censure à grande échelle sur l’internet pakistanais. Finalement, après la couverture médiatique, le gouvernement a paru reculer. En revanche, auparavant, le régime a obtenu que des mots à connotation sexuelle soient bannis des SMS, et a demandé l’interdiction des VPN.

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