Les groupes de « pirates » sont bien connus de l’industrie culturelle. Ils étaient autrefois davantage présents dans la diffusion des jeux-vidéo crackés, mais ils sont aujourd’hui actifs également dans la distribution de copies de films sur Internet. Pour les professionnels du cinéma, ces groupes sont une cible stratégique à abattre. Ce sont eux qui fournissent en premier les fichiers qui sont ensuite reproduits à plusieurs centaines voire milliers d’exemplaires, notamment grâce aux réseaux P2P.
Sans ces groupes, souvent très bien organisés, télécharger un film serait beaucoup plus difficile pour le commun des internautes. Il faudrait qu’un P2Piste isolé choisisse de son plein gré de réaliser un « rip » du DVD et de le mettre en partage sur eMule, BitTorrent, ou n’importe quel autre réseau P2P. Or il suffit de rechercher « divx » ou « avi » sur les moteurs de recherche P2P pour se rendre compte que la plupart des films proviennent de ces groupes de piratage, qui n’hésitent pas à tagger le nom des fichiers pour revendiquer leur œuvre. Pour eux, mettre un film à disposition des autres est avant tout une source de notoriété, et un jeu de compétition avec les groupes concurrents. C’est à qui aura mis tel film le premier sur Internet…
Attaquer les premiers diffuseurs, uniquement
Avec l’arrestation de 30 personnes dont 2 suisses, le parquet de Paris a frappé fort dans la lutte contre le DivX distribué illégalement. Selon Reuters, le juge parisien David Bénichou enquête sur un groupe appelé « GGTeam », qui revendiquait l’activité de mise à disposition de films sur internet, notamment par l’inscription de son nom aux fichiers. Mais pas seulement. Des membres du groupe se rendaient en effet régulièrement sur les forums spécialisés et des sites dits « de liens » pour fournir les liens de téléchargement eDonkey ou BitTorrent, qui permettent aux internautes de télécharger facilement les nouveautés mises à leur disposition. C’est sans doute cela qui a permis aux autorités de les identifier.
Le parquet tient ainsi à rassurer le public consommateur de DivX, et à clarifier son action. « Ceux qui se sont limités à télécharger des films, sans poster de liens sur les forums qu’ils fréquentent, ont été exclus du champ de cette enquête », expliquent les magistrats. L’activité de téléchargement, en principe couverte par le droit à la copie privée, n’est bien sûr pas répréhensible. Mais la simple mise en partage des fichiers, essentielle au fonctionnement du P2P, n’a pas non plus retenu l’attention du chef d’instruction. C’est bien l’action manifeste d’aller scander la mise à disposition de fichiers piratés en place publique qui devrait faire l’objet de poursuites, et uniquement cela.
Le P2Piste lambda, confortablement installé dans son bureau, ne risque pas de voir la gendarmerie venir arme au poing sonner à sa porte. Et pour ce qui est de l’efficacité d’une action d’envergure telle que celle menée aujourd’hui, elle est sans doute toute relative. De très nombreux autres groupes existent aujourd’hui, qui ne manqueront pas de distribuer les films qui auraient été distribués par les 30 personnes arrêtées. Mais si la peur d’être arrêté se propage chez les membres des groupes, le piratage pourrait freiner. C’est ce que l’on constate fortement pour les jeux-vidéo, où les groupes se montrent beaucoup moins actifs qu’autrefois…
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