Tout ou presque a été écrit sur les jeux vidéo, surtout lorsque ceux-ci croisent la route d'un fait divers. Les tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban ont ainsi relancé l'éternel débat sur l'influence des jeux vidéo, où des personnalités comme Laure Manaudou, Jacques Cheminade ou Natacha Polony ont plus ou moins directement pointés du doigt les effets des jeux de tir subjectifs (FPS).
Diverses études ont toutefois minoré le rôle du jeu vidéo dans le déclenchement de la violence, estimant que ce hobby n'a pas d'impact avéré sur le comportement. Certains travaux soulignent même l'effet cathartique des jeux de guerre, en particulier lors de la mort de son avatar virtuel. Mais ces travaux se heurtent à l'émotion médiatique immédiate, qui est parfois exploitée par les tueurs eux-mêmes.
Les avis sur l'influence du jeu vidéo sont donc partagés et continueront à l'être pendant longtemps. Mais pour le sociologue Ross Haenfler, ce n'est pas tant le fait de savoir si les jeux vidéo ont un impact négatif ou positif qui importe mais de comprendre pourquoi les jeux vidéo ont autant de succès, en particulier ceux où il faut tuer ses adversaires virtuels pour gagner.
Interrogé par Wired, il estime que la popularité des jeux de tir trouve son origine dans la nécessité qu'ont les hommes de satisfaire des besoins psychologiques. Les FPS, qui sont par ailleurs les titres rencontrant le plus fort succès commercial auprès des joueurs, permettraient ainsi aux hommes d'affirmer leur virilité à travers leur avatar virtuel, à défaut de pouvoir de le faire dans la vie courante.
"Être prêt à se battre est une attente de la virilité. Il est difficile pour la plupart des hommes d'atteindre cette version idéalisée de la masculinité. Les jeux vidéo donnent un espace sur où il est possible de s'engager dans cette violence virtuelle" et d'assouvir ce besoin psychologique en les dominant en jeu, voire en les tuant, afin d'afficher sa puissance masculine, explique Ross Haenfler.
Plusieurs fonctionnalités dans les FPS offrent d'ailleurs la possibilité au vainqueur "d'écraser" le perdant : les kill cams sont par exemple l'occasion de bien rappeler à l'adversaire sa défaite cuisante et permettent au gagnant de fanfaronner et de clamer sa toute-puissance. Les canaux de discussion vocaux donnent aussi aux joueurs l'occasion de se lancer dans des échanges pour le moins musclés.
De là à dire que les jeux vidéo aideraient les joueurs à se sentir virils, il n'y a qu'un pas. Reste cependant une question en suspend : quid des femmes adeptes des FPS ? Une chose est sûre en tout cas : le genre FPS est en plein boom. Selon les chiffres du NPD Group, ce secteur ne représentait que 14 % des ventes de jeux sur consoles en 2006. Il a atteint 24 % l'an dernier.
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