La nouvelle est connue depuis quelques semaines. Déjà présent sur Windows et Mac, Steam va prochainement faire ses débuts sur Linux. Dans un premier temps, l'éditeur de la plate-forme de distribution de jeux vidéo va se concentrer sur Ubuntu, l'une des distributions les plus populaires. À terme, Valve pourrait néanmoins s'étendre à d'autres OS pour toucher plus de clients.
Une telle annonce a bien entendu été saluée par de nombreux joueurs sous Ubuntu. Non pas que la distribution soit dénuée d'offre vidéoludique, il en existe une plutôt fournie, mais elle n'est sans doute pas aussi variée et populaire que celle disponible sous Windows. Quoiqu'il en soit, Left 4 Dead 2 sera l'un des premiers jeux porté sur Ubuntu. Il s'agit d'un FPS où le joueur affronte des zombies.
Mais l'arrivée de Steam sur Linux n'a pas fait plaisir à Richard Stallman, qui a avancé un certain nombre d'arguments expliquant son hostilité à la présence du service sur un système d'exploitation libre. Dans un texte publié sur GNU, il explique que "la raison d'être de ce système est d'apporter la liberté aux utilisateurs". Or, le projet de Valve s'oppose à la nature d'Ubuntu en amenant des programmes non libres.
De l'éthique des jeux vidéo
"Les jeux non libres (comme tout autre programme non libre) ne sont pas éthiques car ils nient la liberté de leurs utilisateurs. Si vous voulez la liberté, une condition sine qua non est de ne pas avoir ces jeux sur votre ordinateur", développe-t-il. Surtout, le président de Free Software Foundation estime que cela glisse insidieusement l'idée que la liberté en informatique "n'est pas ce qu'il y a de plus important".
"Qu'est-ce que l'utilisation de ces jeux enseigne aux gens de notre communauté ? Toute distribution GNU/Linux comprenant des logiciels qui proposent ces jeux apprendra aux utilisateurs que la liberté n'est pas ce qu'il y a de plus important. Les logiciels non libres des distributions GNU/Linux vont déjà à l'encontre de l'objectif de liberté. Ajouter ces jeux à une distribution augmenterait cet effet", continue-t-il.
Effets positifs, effets négatifs
Cela étant, Richard Stallman reconnaît aussi que l'arrivée de titres très populaires sur Windows et Mac peut aussi avoir un effet favorable : accélérer la démocratisation de Linux auprès du grand public, puisque les utilisateurs seront plus enclins à franchir le pas s'ils ont la certitude de retrouver des jeux qu'ils apprécient. Cela aura au moins le mérite de les libérer du joug de Windows. Un mal pour un bien ?
"Si de toute façon vous utilisez ces jeux, vous feriez mieux de les utiliser sur GNU/Linux plutôt que sur Microsoft Windows. Au moins, vous éviterez que Windows porte atteinte à votre liberté. […] Il pourrait encourager les utilisateurs de ces jeux à remplacer Windows par GNU/Linux. Je subodore que l'effet direct positif sera plus grand que l'effet direct négatif".
Une situation inextricable ?
Comment se positionneront les joueurs sous Ubuntu sur ce sujet ? Les tenants d'une ligne rigoriste et les partisans d'une approche pragmatique vont sans aucun doute animer longuement les forums spécialisés, avançant leurs arguments et rejetant ceux des autres. Toujours est-il que Richard Stallman ne paraît pas rejeter complètement la démarche de Valve.
Reste une solution, idéale sur le papier mais qui reste à mettre en œuvre. Parvenir à dépasser l'attrait des jeux sous Windows et Mac pour ne se satisfaire que de la production de jeux libres. Autrement dit, arriver à générer le même engouement pour des titres dont la visibilité et l'impact marketing sont réduits. Richard Stallman invite ainsi chacun à promouvoir des initiatives diverses comme les concours suivants :
- Liberated Pixel Cup (Coupe du pixel libéré) ;
- Free Game Dev Forum (Forum des développeurs de jeux libres) ;
- la nuit du jeu du LibrePlanet Gaming Collective (Collectif du jeu de LibrePlanet).
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