Selon la presse ukrainienne, c'est en guise de gage offert aux Américains que les autorités du pays ont procédé à la saisie des serveurs du site de liens BitTorrent Demonoid, au moment-même où le vice-premier ministre visite les Etats-Unis pour parler contrefaçon.

Voilà de quoi pleinement satisfaire l'industrie du divertissement et le gouvernement des Etats-Unis. L'an dernier, la Motion Picture Association of America (MPAA), qui représente les intérêts d'Hollywood, a publié sa liste noire des "pires sites pirates au monde". Aux côtés de The Pirate Bay, IsoHunt ou encore BTJunkie figurait le site de liens BitTorrent Demonoid. Or voilà que le site ne répond plus, grâce à l'action des pouvoirs publics ukrainiens.

Demonoid était hébergé depuis de nombreuses années chez ColoCall, le plus gros hébergeur d'Ukraine. Mais les serveurs du site viennent d'être perquisitionnés et saisis par les autorités. "Les enquêteurs ont copié toutes les informations des serveurs de Demonoid et les ont placés sous scellés", explique une source anonyme de ColoCall. "Certains équipements n'ont pas été saisis, mais il ne fonctionne plus, et nous avons été obligés de mettre fin à l'accord avec le site."

De façon troublante, l'action des autorités ukrainiennes intervient quelques jours seulement après une attaque qui aurait permis à des hackers de pénétrer sur les serveurs de Demonoid, et qui suivait elle-même une attaque DDOS de grande ampleur. De quoi nourrir des théories du complot. 

Mais surtout, le journal ukrainien Kommersant indique de source gouvernementale qu'il y aurait un lien direct à faire entre la saisie de Demonoid et la première visite du premier ministre adjoint Valery Khoroshkovsky aux Etats-Unis. Il se rendait de l'autre côté de l'Atlantique… pour parler de lutte contre la contrefaçon. De là à penser que l'action a été menée en preuve de bonne foi de la part de l'Ukraine, il n'y a qu'un pas que certains n'hésitent pas à franchir.

Il faut dire que l'accusation est accréditée par des précédents. Techdirt rappelle que la Colombie avait présenté une loi très dure contre le piratage juste avant une visite de Barack Obama. Par ailleurs, on se souvient du rôle premier joué par les diplomates américains dans l'action menée par la Suède contre The Pirate Bay. De même, les télégrammes diplomatiques publiés par Wikileaks avaient montré les pressions exercées par les USA sur l'Espagne pour durcir sa loi anti-piratage.

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