Confrontée à des mesures d'embargo qui touchent également ses moyens de communication, la Syrie a décidé de s'en remettre à un fournisseur de transit chinois pour connecter le pays au reste du monde.

Le 25 avril dernier, Barack Obama a signé un décret qui interdit aux entreprises américaines d'entretenir des relations commerciales avec Syriatel, le principal opérateur de téléphonie mobile syrien. "Le gouvernement syrien demande à Syriatel de couper la connexion dans les zones où il s'apprête à mener des attaques et de placer sur table d'écoute certains téléphones mobiles", expliquait l'administration américaine pour justifier la décision d'embargo. Or Syriatel est aussi la maison-mère de SAWA, le premier fournisseur d'accès d'accès à Internet en Syrie, lequel utilise l'infrastructure étatique mise à disposition par le Syrian Telecommunications Establishment (STE).

Jusqu'à récemment, puisque les grands fournisseurs de trafic américains (Tele 3 et Cogent) n'ont pas le droit de traiter avec STE, la majorité du trafic délivré par l'opérateur syrien était fourni par la Turquie, via l'opérateur national Turk Telekom, et dans une moindre mesure par Telecom Italia, Tata (en Inde), et Deutsche Telekom.

Mais la société Renesys a observé que depuis plusieurs jours, STE a totalement coupé les ponts avec Turk Telekom (ou l'inverse ?), et que le trafic provenant de l'Italie a aussi chuté.

Désormais, le trafic de l'internet syrien passe quasi exclusivement par PCCW, un opérateur basé à Honk-Kong. Un choix qui ne doit rien au hasard puisque la Chine refuse d'ordonner des sanctions à l'encontre de son partenaire syrien. Par ailleurs, comme l'explique Ars Technica, "la Syrie est connectée au Liban, à l'Egypte et à Chypre par des câbles sous-marins", or "PCCW a des points de présence en Egypte et à Chypre, et est partenaire d'autres opérateurs télécoms pour la propriété de plusieurs câbles sous-marin en Méditerranée".

Même s'il reçoit son trafic d'une entreprise chinoise, STE n'est pas pour autant soumis au filtrage exercé en Chine. Les données ne font pas systématiquement le chemin de Damas à Hong-Kong. Ce qui ne veut pas dire cependant, loin s'en faut, qu'il n'existe pas de filtrage ou de surveillance du net en Chine.

Sur ce point, il faut lire l'article très documenté publié par Reflets, qui parle du "bâtiment de la branche 225", où convergent à Damas tous les points d'interconnexion de la Syrie :

Il y a des machines BlueCoat chez STE et chez SCS, chargées d’observer toutes les pages Web consultées par l’ensemble de la population, qui produisent des enregistrements qui sont consultés et analysées par la branche 225 ;

Pour le non-Web, il y a (au moins) des machines Fortinet, installées dans le bâtiment de Muhajrine et administrées par des personnes proches du régime et de la branche 225 (l’enquête n’est pas terminée…), qui observent tout ce qui est à destination de l’extérieur du pays et dont au moins l’un des rôles est le blocage par DPI des VPNs se connectant à l’étranger (en gros, juste avant de sortir du pays, les données passent par ces machines) ;

Additionnellement, certains ports TCP et UDP sont bloqués, ceci ne nécessitant ni DPI ni matériel particulier.

De son côté, le gouvernement français a fait savoir qu'il avait décidé d'envoyer à la résistance syrienne "un certain nombre d'éléments non létaux", dont "des moyens de communication". 

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