A l'occasion de l'université d'été Ludovia, dédiée à l'e-learning, le ministre de l'éducation nationale Vincent Peillon a adressé une allocution sur la place qu'il souhaite donner au numérique dans la réforme de l'école. "On ne peut pas refonder l'École de la République et faire la République du 21ème siècle si nous ne prenons pas en compte pleinement, volontairement, efficacement la dimension nouvelle introduite par le numérique dans notre culture et dans notre civilisation", a-t-il prévenu.
Il faut "préparer les jeunes, travailleurs de demain, citoyens de demain, hommes et femmes complets de demain, à la société dans laquelle ils vont vivre, qui est considérablement modifiée et qui peut être considérablement améliorée, du point de vue même des valeurs républicaines, par le numérique et par l'internet". Les enseignants en devenir recevront à cet égard une "formation substantielle à l'usage pédagogique du numérique et de l'internet".
Concrètement, Vincent Peillon souhaite développer la dématérialisation des supports pédagogiques et l'apprentissage à distance, parce que "notre école n'est plus définie uniquement par l'enceinte matérielle qui est la sienne".
"Nous portons le grand projet de faire naître, à côté des initiatives du secteur privé – elles sont déjà nombreuses – une nouvelle offre de services publics numériques éducatifs, qui soit une composante à part entière du service public d'enseignement et puisse bénéficier aux élèves. Je pense, notamment à un service public de soutien scolaire en ligne", a également indiqué le ministre de l'éducation nationale. Une excellente nouvelle pour les familles qui n'ont pas les moyens de s'offrir les services des Acadomia ou autres Complétude.
Le numérique ne doit pas être qu'un support de substitution
Cependant, l'allocution de Vincent Peillon montre que la prise de conscience de la révolution induite par le numérique n'est que trop partielle. Le ministre en reste encore à la question de l'utilisation d'outils numériques dans le cadre pédagogique traditionnel (cours à distance, mise en ligne des supports, applications d'e-learning, …), alors que c'est la pédagogie elle-même qu'il faut remanier. En profondeur.
C'est là, la véritable révolution à engager. Et la bataille s'annonce beaucoup plus âpre qu'entre les partisans de la méthode globale ou de la méthode syllabique.
Un ancien ministre de l'éducation, François Bayrou, l'avait parfaitement expliqué pendant la campagne électorale. Il faut apprendre à apprendre. "Mieux vaudrait en un nombre d'heures plus restreints de cours transmettre davantage de méthodes d'apprentissage, d'apprendre à apprendre, ce que l'élève pourrait ensuite valoriser y compris dans un travail individuel libre, puisque nous sommes par exemple entrés aujourd'hui dans le monde Internet", avait défendu le candidat à l'élection présidentielle.
Auparavant, l'école avait pour priorité de générer des têtes bien pleines. Elle visait à inculquer un maximum de savoirs que l'enfant pourrait ensuite exploiter dans son travail. Mais avec le numérique, l'homme a délégué sa mémoire, qu'il confie aux bases de données et aux moteurs de recherche disponibles sur Internet. Cette mémoire collective est accessible en permanence, en tous lieux grâce aux téléphones mobiles. Il faut prendre conscience que cette mémoire déléguée ne s'en ira pas. Elle fait partie de nous. Elle fait de nous des êtres symbioniques. Continuer à vouloir inculquer des savoirs dans les têtes "en local" alors que ces savoirs sont accessibles "en réseau" est une perte de temps et d'énergie.
Désormais, l'école doit avoir pour absolue priorité de générer des têtes bien faites. Elle doit apprendre aux enfants à aller chercher ces savoirs sur le réseau, à savoir les vérifier, à contribuer à leur enrichissement, et et à les utiliser. Il devient à cet égard totalement anachronique de refuser l'accès à internet pour les examens.
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