Vendredi dernier, Pierre Lescure a surpris nombre d'observateurs (nous les premiers) en affirmant dans Le Mouv' qu'"une partie" de la solution à trouver pour l'après-Hadopi serait "la légalisation des échanges non marchands". En écoutant bien ses propos, il nous avait semblé comprendre que l'ancien président de Canal+ plaidait pour une nouvelle forme de chronologie des médias, qui déterminerait le modèle économique applicable en fonction de l'âge des contenus, jusqu'à légaliser l'échange des films les plus anciens.
Actuellement, la chronologie des médias repose sur un mécanisme qui libère progressivement la possibilité de diffuser les films sur différents types de supports, en fonction de la date de sortie au cinéma. Mais 48 mois après l'exploitation en salle, tous les diffuseurs sont libres de louer ou de vendre le film sous toutes les formes qu'ils souhaitent, aux prix qu'ils souhaitent.
Or, il faudra une offre légale "payée au coût par coût quand c'est très exceptionnel et très frais, presque instantané", avait prévenu Lescure sur Le Mouv". Ce qui nous a amené à penser qu'au bout d'un certain temps -espérons bien avant l'entrée des films dans le domaine public (70 ans après la mort du dernier survivant parmi les principaux auteurs), le public aurait le droit de partager les films anciens sur les réseaux P2P ou n'importe quel autre moyen de diffusion sans but lucratif. Un tel mécanisme aurait pour intérêt immédiat de redonner de la valeur aux oeuvres les plus récentes, pour aussi redonner de la légitimité au combat contre le piratage des oeuvres plus fraîches.
Dans Le Monde, Pierre Lescure confirme son souhait d'intégrer une partie de légalisation des échanges gratuits dans sa proposition d'après-Hadopi. Et confirme que le prix sera fonction de l'âge des oeuvres.
Il faut "une offre exceptionnelle d’œuvres à des prix gradués", et partir du principe que "moins c’est exclusif, moins c’est frais, moins cela se paie".
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