Médium vertical, la télévision favorise la passivité du téléspectateur. Jusqu'au jour où Internet est arrivé. Depuis, les usages ont nettement évolué : de plus en plus de spectateurs regardent la télévision tout en s'activant sur Internet.


Lorsque vous regardez la télévision, que faites-vous ? "Je regarde la TV", répondrez- vous sans aucun doute. Et vous auriez raison, du moins en partie. Car votre activité devant le téléviseur ne se limite plus à suivre passivement les émissions qui défilent sur les chaînes, selon une enquête conduite (.pdf) par Ericsson consacrée à l'évolution des habitudes de consommation des téléspectateurs.

Que dit cette étude ? Qu'en même temps de suivre un programme, vous naviguez sur le web, vous vous manifestez sur les réseaux sociaux ou bien vous bavardez sur un logiciel de messagerie instantanée. Et ne croyez pas que ces pratiques sont isolées : elles sont en plein boom et concernent de plus en plus de téléspectateurs, voire dans certains cas la quasi-totalité d'entre eux.

Conduite en Chine, en Espagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède et à Taïwan, l'enquête d'Ericsson révèle que plus de 80 % des téléspectateurs surfent en même temps qu'ils regardent la TV. Une importante majorité (plus de 60 %) s'active sur Facebook ou Twitter tandis qu'un peu moins de 50 % des sondés sont sur le tchat de Facebook, sur Skype ou Windows Live Messenger.

Que faut-il comprendre ? Que la télévision, médium vertical par excellence puisque l'information est délivrée dans un seul sens (de la chaîne vers le téléspectateur), est de plus en plus associée à des canaux horizontaux favorisant la discussion, l'échange et le débat. Le téléspectateur n'a plus tout à fait un comportement passif. Il s'active via Internet, puisque la télévision n'offre pas cette "horizontalité".

Les chaînes de télévision, évidemment, ne sont pas restées inactives. Elles commencent petit à petit à prendre en compte l'effervescence des sites communautaires et à intégrer les réactions des internautes. Et si dans ce domaine, les grands réseaux américains sont en avance leurs homologues français ne sont pas en reste. Twitter est de plus en plus cité, signe de la prise de conscience du phénomène.

Le CSA a néanmoins posé certaines limites. Si Twitter et Facebook peuvent être cités à l'antenne, il est interdit en revanche de le faire dans le cadre d'une autopromotion des comptes des chaînes de télévision afin de gagner encore plus d'abonnés et de fans. Mais combien de temps la digue mise en place par l'autorité de régulation tiendra-t-elle ?

L'arrivée des téléviseurs connectés va sans aucun doute accentuer ce mouvement, que ce soit directement ou à travers une box Internet. De nouvelles fonctionnalités permettant d'avoir une fenêtre web en surimpression de l'émission en cours de diffusion, afin de favoriser la participation des internautes, verront le jour tôt ou tard.

La France est donc aussi concernée par ce réveil du téléspectateur-internaute. Ces nouveaux usages existent depuis plusieurs mois déjà. Comme le dit David Abiker sur son blog, ce comportement entraîne une "réalité augmentée"  que ne peut offrir la télévision, limitée à la "réalité". Les internautes commentent, se moquent, contestent, enrichissent et interpellent à mesure que la télévision délivre son contenu.

Pour s'en convaincre, il suffit de jeter de temps en temps un coup d’œil aux sujets qui sont tendances sur Twitter. Des noms d'émission surgissent régulièrement dans le classement, signe que les internautes suivent la télévision tout en commentant ce qu'ils voient. Et qu'importe qu'il s'agisse d'un débat politique ou d'une émission de TV réalité. L'usage a évolué.

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