Chez Google, l'open source et les licences libres ont leur limite. Le géant de Mountain View explique que les constructeurs qui sortent des smartphones ou tablettes sous un OS dérivé d'Android doivent assurer une "compatibilité" avec le système d'exploitation d'origine, sous peine de perdre le soutien de Google.

Android est-il un système d'exploitation open-source, et si oui, jusqu'à à quel point ? Vendredi dernier, nous rapportions que le Chinois Alibaba avait accusé Google d'avoir fait pression sur Acer pour que le constructeur ne lance pas son téléphone sous Alyun OS, un système d'exploitation dérivé d'Android. Selon le concurrent asiatique du moteur de recherche, la firme de Mountain View aurait menacé Acer de le retirer de son programme d'accompagnement à l'intégration d'Android, s'il lançait son smartphone CloudMobile A800 équipé d'Alyun OS, développé par Alibaba.

Dans un premier temps, Google n'avait pas souhaité réagir aux accusations de son concurrent chinois. Mais il l'a fait implicitement dans un billet publié samedi sur le blog d'Android, sans jamais citer Acer ou Alyun OS.

Google rappelle dans ce billet qu'Android est effectivement un système d'exploitation libre et open-source, publié sous licence Apache. Mais il insiste sur le fait que son OS doit permettre la création d'un "écosystème", qui suppose une compatibilité des différentes versions alternatives d'Android avec la branche principale. "Lorsque nous avons envisagé de créer Android et que nous avons formé l'Open Handset Alliance, nous avons voulu créer un cercle vertueux ouvert dont tous les membres de l'écosystème bénéficieraient", explique Google. Mais "si les applications ne fonctionnent pas correctement à travers les différents appareils à cause d'incompatibilités, les consommateurs quitteraient l'écosystème, suivis par les développeurs". 

"En rejoignant l'Open Handset Alliance, chaque membre contribue à construire une plateforme Android – pas un tas de versions incompatibles", estime l'éditeur. En creux, Google reproche à Acer d'avoir collaboré avec Alibaba à lancer sur le marché un système d'exploitation basé sur Android, mais qui n'est pas "compatible" avec l'écosystème Android (en particulier, Alyun OS ne communique pas avec les serveurs de Google, et ne repose pas sur Google Play pour la distribution d'applications).

Dans un communiqué envoyé à Marketing Land, relayé par Engadget, Google précise sa pensée. Pour lui, les membres de l'Open Handset Alliance, qui reçoivent en avance les nouvelles versions d'Android pour les intégrer le plus tôt possible dans leur processus de développement, "se sont engagés (…) à ne pas commercialiser d'appareil non compatible avec Android". Mais "cela n'empêche pas cependant les membres d'OHA de participer à des écosystèmes concurrents".

En clair, HTC ou Acer peuvent parfaitement sortir un téléphone sous Android, et un téléphone sous Windows Phone, sans risquer de représailles. En revanche, s'ils sortent un téléphone basé sur Android, qui n'est pas Android, ils doivent quitter l'OHA, ce qui les condamne à avoir un train de retard sur l'intégration des nouvelles fonctionnalités.

Le problème, c'est qu'Alyun OS ne se revendique pas comme étant un OS Android. C'est un autre système d'exploitation, qui se trouve avoir été codé en exploitant le code source et la licence libre d'Android. Il s'agit d'un fork, tellement éloigné du système originel qu'il forme un système d'exploitation autonome. 

Avec cette jurisprudence, très contestable du point de vue de la philosophie des logiciels libres, c'est aussi Firefox OS qui est menacé. Le système d'exploitation de Mozilla, qui doit sortir au Brésil en 2013, est lui aussi basé sur du code source d'Android. Or s'il reste cohérent, Google imposera aux constructeurs de choisir entre Android et Firefox OS. 

Source : Numerama

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !