Le jugement a un amusant goût de désuétude, mais comment pouvait-il en être autrement ? Mardi, le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné le magazine Closer à "remettre les clichés de la duchesse de Cambridge et du prince William à la famille princière". Le magazine français, qui avait publié sur sa couverture des photos de Kate Middleton seins nus, en compagnie de son époux de prince, est ainsi condamné à donner au couple les fichiers numériques qu'il a achetés… et qu'il a pu parfaitement copié sur d'autres supports. Le photographe lui-même, protégé sous le sceau du secret des sources, possède très certainement le fichier RAW d'origine.
La mesure est purement symbolique, totalement inutile, mais veut imiter le type d'ordonnance que l'on prenait autrefois, lorsque l'on exigeait de remettre à la victime les négatifs des photos compromettantes. Sans eux, il était beaucoup plus difficile de développer de nouveaux tirages. Alors qu'avec le numérique, il suffit de copier le fichier à l'infini.
Par ailleurs, l'éditeur Mondadori a interdiction de "céder, diffuser, par tous moyens, sur tout support, auprès de quinconque et de quelque manière que ce soit, notamment sur des tablettes numériques, les photographies". Lors de l'audience lundi soir, l'avocat du couple princier, Me Aurélien Hamelle, avait demandé l'interdiction de la diffusion "à quiconque en France et à l'étranger" des photos intimes, et de leur publication sur un support numérique.
Mais là encore, le jugement aura du mal à avoir un effet concret sur la protection de l'intimité de Kate Middleton, puisque les photos ont déjà été reprises sur de nombreux sites internet, et qu'il sera impossible d'en éviter la circulation. La famille royale l'a déjà expérimenté récemment avec les photos du prince Harry nu, en charmante compagnie.
Il suffit de consulter Google pour s'en convaincre. Les recherches "Kate Middleton nu" et "Kate Middleton closer nu" sont celles qui sont celles qui sont immédiatement suggérées par le moteur de recherche, signe qu'elles sont déjà très populaires :
La seule solution, si la justice souhaite effectivement mieux protéger la vie privée de ceux dont les photos sont exposées dans les magazines people, serait de taper beaucoup plus fort, là où la dissuasion est la plus efficace : au portefeuille. Une fois publiée, une photo n'est plus maîtrisable. Mais en France, les dommages et intérêts ne peuvent couvrir que le préjudice subi ; ils ne peuvent pas servir de punition. C'est peut-être un point sur lequel le législateur devra méditer.
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