Tous les opérateurs de télécommunications ne sont pas forcément favorables au recyclage des fréquences, notamment lorsqu'il s'agit d'utiliser les bandes utilisées par les réseaux mobiles 2G pour accélérer le déploiement de la 4G. Si Bouygues Télécom y voit son intérêt, ce n'est manifestement pas le cas d'Orange et de SFR. Ces deux-là voient dans cette reconversion un déséquilibre concurrentiel.
"On a dépensé un milliard d'euros pour les fréquences, on ne souhaite pas que l'État change les règles du jeu à court terme", a fait remarquer Stéphane Roussel, le PDG de SFR. L'opérateur a en effet dépensé 1,065 milliard d'euros afin d'obtenir deux blocs de 10 MHz duplex dans la bande de fréquences 800 MHz et 150 millions d'euros pour un bloc de 15 MHz duplex dans la bande de fréquences 2,6 GHz. "On demande une certains stabilité dans les décisions", dont les propos ont été rapportés par ZDNet.
De son côté, Orange pointe le risque d'un contournement de la procédure d'attribution menée par l'Arcep. Certains opérateurs – non nommés – pourraient exploiter à nouveau la bande de fréquences 1,8 GHz utilisée par le réseau 2G pour développer leur couverture 4G sans pour autant avoir beaucoup dépensé. Impossible de ne pas penser à Free, qui n'a pas participé à l'appel d'offres concernant la bande 800 MHz.
Selon Orange, le feu vert de l'Arcep sur la réutilisation des fréquences serait injuste et créerait un déséquilibre concurrentiel. Il estime que SFR et lui ont dépensé d'importantes sommes afin d'obtenir les blocs mis en vente par l'Arcep (plus de 1 milliard d'euros chacun). Bouygues aussi, dans une moindre mesure, a beaucoup investi. Or le recyclage pourrait faire les affaires de Free, d'autant qu'il n'a mis "que" 270 millions d'euros pour la 4G.
La marge de manœuvre de l'Arcep dans ce dossier paraît étroite. Il lui faut veiller sur l'égalité entre opérateurs et s'assurer que les conditions de la concurrence sont bien rassemblées. Une solution pourrait néanmoins se dessiner : autoriser le recyclage des fréquences 1,8 GHz, mais dans un second temps afin de laisser une avance à ceux qui ont mobilisé d'importants moyens.
Dans cette affaire, Bouygues a une position intermédiaire. L'opérateur a participé aux deux appels d'offres mais souhaite quand même que les fréquences soient réemployées. "Pour la société Bouygues Telecom, la levée de la restriction à la technologie GSM en bande 1 800 MHz doit permettre l'utilisation de ressources supplémentaires pour le déploiement du très haut débit mobile", écrivait l'Arcep cet été.
Une question que devra trancher l'Arcep, qui a lancé une consultation publique à ce sujet.
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