La justice brésilienne a décidé de se montrer d'une inquiétante sévérité à l'encontre de YouTube, et surtout à l'encontre de la liberté d'expression. Plus tôt ce matin, nous rapportions que le directeur de Google Brésil a été placé en garde à vue mercredi, pour ne pas avoir accepté de supprimer des vidéos critiquant des candidats à une élection municipale. Plusieurs autres jugements ont sanctionné ces derniers jours la mise en ligne de vidéos pamphlétaires du même acabit. Mais c'était au nom de la loi électorale brésilienne, qui régit très strictement ce qui peut et ne pas être dit sur les candidats. Or la justice du Brésil ne s'est pas arrêtée là.
En effet, un juge de Sao Paulo a ordonné à Google de supprimer L'Innocence des Musulmans, le pitoyablement célèbre film anti-islam publié sur YouTube. La plainte avait été déposée par l'Union Nationale des Entités Islamiques, un groupe représentant la communauté musulmane au Brésil. Selon le récit qu'en livre AP, le groupe aurait défendu l'idée que la vidéo violait la garantie constitutionnelle de la liberté religieuse, ce qui paraît étrange. On ne voit pas, en effet, en quoi la liberté d'expression neutralisé la liberté de culte ; mais le juge a visiblement donné raison à l'organisation musulmane.
Le jugement aurait toutefois pu être plus sévère, puisqu'il laisse 10 jours à la plateforme pour se conformer à l'ordonnance, et ne prévoit qu'une astreinte de 5 000 dollars par jour de retard (rappelons que dans le cadre des candidats aux élections critiqués sur YouTube, un juge a été jusqu'à ordonner 500 000 dollars par jour). YouTube pourra aussi se contenter de rendre la vidéo inaccessible au Brésil.
C'est, sauf erreur de notre part, la première fois qu'un tribunal ordonne le blocage de L'Innocence des Musumans. Plusieurs gouvernements ont utilisé leurs pouvoirs exécutifs d'ordonnance pour faire bloquer l'accès à la vidéo, notamment en Iran, Afghanistan, en Arabie Saoudite ou au Pakistan. Par ailleurs, il est arrivé que Google décide de lui-même de désactiver la vidéo dans certains pays, en Egypte et en Libye, afin d'éviter d'attiser les protestations violentes dans les régions où le risque était le plus fort. Mais jusqu'à présent, aucun juge n'était jamais intervenu.
De son côté, le gouvernement américain avait suggéré à YouTube de retirer la vidéo, en justifiant la censure par une violation de ses conditions d'utilisation. Mais Google avait refusé de se plier à l'intimidation.
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