Nous voilà rassurés. Dans une tribune, l'Adami a tenu à préciser qu'au contraire des organisations qui défendent les intérêts des internautes, les artistes-interprètes qu'elle défend participeront bien à la mission Lescure. Pour demander plus de financements.

Mardi, alors que le ministère de la Culture donnait le coup d'envoi officiel de la mission Lescure, trois organisations représentant le public ont annoncé qu'elles claquaient la porte avant-même de l'avoir ouverte. La Quadrature du Net, l'UFC-Que Choisir et le SAMUP dénonçaient dans la tribune publiée dans Libération ("Pourquoi nous ne participerons à la mission Lescure") "une caricature de débat démocratique", et expliquaient qu'elles ne voulaient pas pas servir une nouvelle fois de caution à un faux-semblant de débat dont les conclusions paraissent écrites d'avance.

Mais heureusement, les artistes sont là ! Sans crainte de faire rire, l'Adami a publié sa propre tribune dans le même journal, intitulée "Pourquoi nous participerons à la Mission Lescure". Et l'on peut résumer la réponse ainsi : pour toucher plus d'argent. Sans blague.

"Un nouvel échec serait dramatique", estime la société de gestion collective des artistes-interprètes, qui explique que "les artistes sont peu ou pas rémunérés pour l’exploitation de leurs musiques ou de leurs films sur le Net", et qu'elle entend donc plaider leur cause.

L'Adami défendra ainsi l'idée d'un guichet unique pour acquérir les droits d'exploitation de tous les catalogues des ayants droit, de façon à fluidifier le développement de l'offre légale, avec un partage "équitable (de) la richesse entre producteurs et artistes".

"Il est temps aussi que les comédiens soient rémunérés pour les usages secondaires des œuvres audiovisuelles", ajoute l'Adami, en demandant "un revenu minimum proportionnel à ces exploitations" (rappelons que le traité de Beijing, signé cet été et déjà largement transposé en France, prévoit déjà une rémunération des comédiens pour les exploitations secondaires).

L'Adami veut aussi se rendre à la mission Lescure pour contrer "les menaces contre la copie privée ou le financement du cinéma" au niveau européen. Il s'agit dans le premier cas du risque souhaitable d'harmonisation des taux de la taxe copie privée (voire de sa suppression totale), ce qui se fera nécessairement au détriment des ayants-droit français puisque la France applique les taux les plus lourds d'Europe. Et dans le deuxième cas, il s'agit surtout du risque d'annulation des taxes prélevées sur les FAI, qui viennent abonder les fonds de soutien au cinéma gérés par le CNC.

Dans toute sa tribune, l'Adami ne dit pas un mot du public et des consommateurs. Ce n'est pas son rôle. On l'aura compris.

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