Steven Spielberg aurait certainement apprécié que l’Académie Britannique du Film (BAFTA) lui décerne une récompense pour son dernier long métrage Munich, qui prolonge la série noire du réalisateur. Mais les DRM auront été plus fort que l’art.

Les membres des différents jurys internationaux qui décernent les récompenses cinématographiques telles que les Oscars, Lions et Palmes d’Or reçoivent souvent les films en vidéo avant mêmes qu’ils ne sortent sur les écrans. Ils sont ainsi des milliers à recevoir des DVD appelés « screeners », destinés à permettre leur critique et la sélection des films aux festivals.

Constatant que nombre de ces screeners se retrouvent copiés et distribués sur les réseaux P2P, certains studios se sont alliés pour trouver une alternative au DVD, davantage imperméable à la copie. Il s’agit du SV300, un lecteur DVD sécurisé créé par Cinea une filiale de Dolby, qu’il faut mettre à jour tous les ans avec de nouveaux codes. Les studios qui veulent empêcher une certaine traitrise de la part de la profession envoient ainsi des DVD avec un système de protection spécialement formaté pour Cinea, impossibles à lire sur un autre lecteur. Ce fut le cas notamment pour l’envoi de Munich, le dernier film de Steven Spielberg.

Or BoingBoing rapportait hier la mésaventure de Spielberg, longtemps boudé par les Oscars et cette fois-ci victime des DRM qui ont empêché que son film Munich ne soit visionné par les quelques 3000 membres du jury des BAFTA awards. « D’abord les DVD ont été retenus par les douanes britanniques, faisant de fait manquer l’échéance du premier tour des votes. Mais lorsqu’ils sont arrivés, impossible de les lire sur n’importe quelle machine, parce qu’ils avaient été pressés pour la Région 1 (Amérique du Nord)« , témoigne Patrick von Sychowski.

Spielberg s’en serait bien passé.

« Je trouve extraordinaire que l’on ne fasse même pas confiance aux membres de la communauté des cinéastes britanniques pour jouer des DVD dans d’autres régions que l’Europe« , s’indigne Sychowski.

Un autre membre des BAFTA Awards, qui réside lui aux Etats-Unis, explique à BoingBoing que cette stratégie anti-piratage au sein même des jurys est totalement contreproductive. Lui, comme tant d’autres, n’a même pas pris la peine de brancher le lecteur Cinea qui lui fut gracieusement offert. « Je n’ai de toute façon pas le temps de regarder TOUS les screeners que je reçois donc naturellement je finis par regarder ceux qui sont les plus simples à regarder, que je peux regarder sur mon portable ou chez un ami« . « Je crois forcément que ces films qui ont été envoyés sous forme cryptée ont été regardés BEAUCOUP moins que ceux qui ne l’étaient pas« , accuse l’un des 3000 membres des BAFTA.

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