Suite à l'appel d'offres organisé par l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, Bouygues Télécom a obtenu des blocs de fréquences pour déployer la 4G. L'opérateur a ainsi dépensé un peu plus de 228 millions d'euros pour un bloc dans la bande de 2,6 GHz et un peu plus de 683 millions d'euros pour la bande de 800 MHz, ce qui lui permet de démarrer l'activation de son réseau 4G.
Bouygues juge toutefois ces ressources insuffisantes. L'opérateur veut obtenir plus de fréquences, afin de proposer très vite la 4G à ses clients et apparaître du même coup aux yeux des autres mobinautes comme l'entreprise la plus en pointe dans ce domaine. Pour cette raison, mais pas seulement, Bouygues milite pour un recyclage des fréquences exploitées dans le cadre de la 2G.
La société dispose actuellement d'un bloc dans la bande 1800 MHz (ou 1,8 GHz) pour la 2G. Or, cette norme de deuxième génération pour la téléphonie mobile est peu à peu marginalisée avec la généralisation de la 3G et l'arrivée de la 4G. Bouygues souhaite donc convertir ce bloc pour qu'il serve au déploiement de la quatrième génération des standards pour la téléphonie mobile.
Pour convaincre, Bouygues n'a pas hésité à faire miroiter la création de nouveaux emplois si sa suggestion de recyclage des fréquences utilisées pour la 2G était acceptée. Dans un entretien accordé au Figaro, le directeur général du groupe, Olivier Roussat, explique que cette ré-allocation des ressources permettrait de créer quelques centaines de postes en France.
"Nous pourrions sans doute envisager 200 recrutements dans les centres d'appels de Bouygues Télécom, qui sont tous situés en France. Et probablement autant dans les centres d'appels français de nos prestataires", explique-t-il. Le message ne laissera pas insensible Arnaud Montebourg, en charge du redressement productif, lui qui est favorable au retour des hotlines en France.
Dans un contexte de crise économique, l'emploi est un argument qui fait souvent mouche. "Pour une France en panne de croissance, la 4G, c’est un formidable levier de compétitive et donc d’emploi", poursuit Olivier Roussat, dont le groupe affirme que la récente réduction d'effectif, 556 postes supprimés dans le cadre d'un plan de départs volontaires, a été causée par la concurrence très dure de Free Mobile.
Les avantages du recyclage
Défendue par Bouygues Télécom, cette proposition n'est pas soutenue par tous les opérateurs. Orange et SFR s'y opposent, au motif que cette reconversion aboutirait à une situation injuste. Il n'était en effet pas question de ré-allouer quoi que ce soit lors de l'appel d'offres. Or, Orange et SFR ont dépensé beaucoup d'argent pour obtenir des blocs pour la 4G, sans envisager que les blocs 2G allaient être évoqués.
L'utilisation des blocs de la bande 1800 MHz a plusieurs avantages. Elle permet d'utiliser des ressources immatérielles de l'État en les mobilisant pour de nouveaux usages. Dans la mesure où elles sont particulièrement sollicitées par l'explosion du très haut débit mobile, et puisque ces ressources ne sont pas illimitées, c'est une gestion intelligente des fréquences.
Le recyclage des fréquences 2G permettrait également de déployer plus rapidement la 4G. Les infrastructures actuelles pourront être mises à profit. Même si ces dernières nécessitent d'être adaptées, l'investissement pour les modifier sera moindre que d'ériger de nouvelles antennes-relais. Enfin, les fréquences du bloc 1800 MHz permettraient d'éviter des interférences avec la TNT.
La télévision numérique terrestre utilise en effet des fréquences dont la position sur la bande est assez proche de celles des autres opérateurs, en particulier celles obtenues par Bouygues Télécom. L'exploitation des ressources en 1800 MHz permettrait de corriger d'éventuelles perturbations.
Cet été, l'Arcep a lancé une consultation publique sur la réutilisation des fréquences 2G. "La levée de la restriction à la technologie GSM en bande 1800 MHz doit permettre l'utilisation de ressources supplémentaires pour le déploiement du très haut débit mobile, en complément des fréquences en bandes 800 MHz et 2,6 GHz, déjà attribuées à la suite des appels à candidatures menés en 2011", écrit-elle.
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