Très actif sur Twitter, Kim Dotcom ne parle pas que du lancement de Mega. Le fondateur de MegaUpload partage également ses vues sur un certain nombre de sujets, quand il n'est pas occupé à diffuser des articles évoquant sa situation judiciaire. Ainsi, Kim Dotcom a publié il y a une dizaine de jours un message expliquant comment stopper le piratage sur Internet.
How to stop piracy: 1 Create great stuff 2 Make it easy to buy 3 Same day worldwide release 4 Fair price 5 Works on any device
— Kim Dotcom (@KimDotcom) Janvier 7, 2013
Pour y parvenir, la solution de Kim Dotcom liste cinq points à satisfaire : le premier consiste à créer des contenus de valeur, le deuxième à faire que les œuvres puissent être facilement achetées, le troisième à organiser des sorties simultanées dans le monde entier, le quatrième à proposer un prix honnête et le dernier à s'assurer que les contenus soient accessibles sur n'importe quel appareil.
Certains de ces points doivent évidemment être impérativement satisfaits. C'est le cas du cinquième par exemple. Il est inacceptable qu'une personne ne puisse pas jouir d'œuvre sous prétexte qu'il utilise un système d'exploitation ou un terminal qui n'est pas pris en charge. Tout comme il est anormal de verrouiller une œuvre avec des mesures techniques de protection (DRM).
D'autres conditions paraissent déjà plus difficilement atteignables. Qu'est-ce qu'un contenu de valeur ? L'appréciation d'une œuvre varie selon les individus ; une chanson honnie par l'un sera peut-être adorée par l'autre. Le mieux reste encore d'encourager la diversité créative, pour que chacun y trouve son compte. C'est la même chose pour la question du prix : à quel moment considère-t-on que le prix est convenable ?
Kim Dotcom n'a pas approfondi sa réflexion sur la manière d'en finir avec le piratage. La Recording Industry Association of New Zealand (RIANZ), qui gère les intérêts de l'industrie du disque en Nouvelle-Zélande, a toutefois pris le temps de répondre aux suggestions du fondateur de MegaUpload dans un article publié cette semaine dans le New Zealand Herald.
Les réponses de l'industrie du disque
La préoccupation du RIANZ étant la musique, le lobby a répondu aux conditions posées par Kim Dotcom qu'à travers ce prisme. Mais ces points se posent évidemment dans les autres domaines culturels touchés par le piratage, à commencer par l'industrie du cinéma, mais sans oublier le monde du livre ou le secteur des jeux vidéo.
Concernant la qualité artistique, la RIANZ ne peut que s'en remettre à l'avis du public. L'essentiel est que l'offre soit suffisamment étoffée pour couvrir tous les goûts. Le lobby rappelle ainsi que les plateformes légales de téléchargement proposent des millions de titres différents. Certes, toutes les boutiques ne proposent pas tous les artistes, mais le catalogue est déjà très riche.
La RIANZ rappelle en outre que les néo-zélandais ont accès à 20 plateformes légales, allant de l'achat à l'unité à l'écoute en streaming (gratuite ou non). En France, si l'on se réfère au label PUR, il existe 31 services labellisés proposant de la musique. Il y en a même sous licence libre diffusion, avec la participation de Jamendo. Et ces plateformes sont accessibles à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit.
Sur la sortie simultanée dans le monde entier, la RIANZ assure que la très grande majorité des nouveaux titrés publiés sont disponibles partout dans le monde dès le premier jour. Cependant, l'usager peut parfois être bloqué par des restrictions géographiques. Sous Spotify par exemple, certains titres populaires en Allemagne ne sont pas accessibles en France.
La RIANZ estime par ailleurs que "la musique n'a jamais été aussi abordable à acheter ou à lire". Des services d'écoute en streaming proposent même un accès gratuit financé par la diffusion de contenus publicitaires, comme à la radio. Les offres premium montent à 10 euros par mois pour un accès illimité à tout le catalogue. Et l'achat à l'unité est parfois sous la barre de l'euro.
Quant à la portabilité, la RIANZ fait remarquer que les verrous numériques n'ont pratiquement plus cours, sauf très rares cas. Les boutiques en ligne – en tout cas les plus fréquentés – vendent albums et singles sans DRM et les titres peuvent être lus sur Windows, Mac OS, Linux, Android ou iOS. Pour ne citer que les systèmes d'exploitation les plus connus.
Pour l'industrie du disque, les interrogations de Kim Dotcom ne sont pas dénuées d'intérêt. Cependant, elle estime que les conditions posées par le fondateur de MegaUpload sont déjà remplies dans le domaine musical. Mais malgré l'évolution du secteur, la RIANZ estime que le piratage ne se résorbe pas, conduisant les ayants droit à agir à travers la justice.
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