Ces dernières semaines, la presse a beaucoup parlé du phénomène croissant des imprimantes 3D personnelles, pour évoquer le phénomène beaucoup plus marginal de l'impression d'armes à feu. La polémique est née après qu'un passionné a réussi à tirer un coup de feu avec une arme entièrement imprimée en plastique. Mis en ligne par son auteur, les plans de l'objet 3D ont été censurés sous la pression des autorités américaines, avant d'être partagés sur BitTorrent par plusieurs milliers d'internautes.
En réaction, un élu américain avait proposé de conditionner la vente des imprimantes 3D à des autorisations préalables délivrées après enquête administrative, comme les armes elles-mêmes. Une telle mesure paraîtrait toutefois totalement disproportionnée pour éviter un risque qui ne concerne qu'une minuscule fraction des possesseurs d'imprimantes.
En revanche, d'autres idées sont évoquées, qui pourraient se concrétiser en particulier si les industriels parviennent à tuer les imprimantes 3D libres et open-source à coups de brevets et de DRM.
Ainsi, dans un article très curieux qui livre "cinq raisons pour les fabricants d'armes de n'avoir rien à craindre avec les armes imprimées en 3D" (sic), le très sérieux magazine Forbes avance l'idée d'une régulation plus fine, sur les dessins qui pourraient être transférés à l'imprimante :
Il semblerait qu'il soit difficile pour le gouvernement de réglementer les armes imprimées en 3D de la même façon que les fusils traditionnels. Après tout, le gouvernement va avoir de la difficulté à réglementer ce que les gens font dans l'intimité de leur propre garage. Le gouvernement peut choisir d'agir intelligemment et au lieu de réglementer l'impression de fusils, il peut simplement réglementer la vente des imprimantes 3D. Toutes les imprimantes 3D sont gérées par un logiciel. Le gouvernement peut simplement insister sur le fait que les fabricants d'imprimantes 3D installent un logiciel qui empêche l'impression d'un cylindre creux d'une certaine taille, un percuteur ou un certain type de ressort.
L'idée n'est pas si absurde puisqu'elle a un précédent dans le domaine des impressions de billets de banque en 2D. Le Groupe de dissuasion de la contrefaçon des banques centrales (CBCDG) a en effet été monté spécialement pour faire pression sur les éditeurs de logiciels de retouche d'image, et les convaincre de ne pas laisser leurs utilisateurs travailler sur des reproductions de billets de banque.
Ainsi depuis 2004, Adobe et Corel interdisent de telles manipulations sur leurs logiciels Photoshop et PaintShop Pro, en utilisant un algorithme de reconnaissance des billets de banque. En revanche, l'alternative libre The GIMP n'a pas de telle restriction.
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