Qu'il s'agisse des ordinateurs ou des consoles, le paysage du jeu vidéo évolue à la faveur des nouvelles technologies et de la distribution en ligne. Des plateformes de distribution de contenu comme Steam ou Origin se placent entre l'usager et son jeu, tandis que des verrous numériques (DRM) ont pour mission de contrôler l'accès et l'utilisation des contenus acquis légalement.
La conséquence de cette transformation est assez évidente : les boutiques spécialisées ou non sont désormais concurrencées par les étals dématérialisés de tel ou tel service licite. En outre, de plus en plus de jeux achetés sont désormais associés au compte du client, qu'importe s'ils ont été obtenus de manière traditionnelle (Fnac, Micromania, Carrefour…) ou via une solution en ligne.
Dès lors, quel avenir pour le marché de l'occasion ? Outre le fait que le moindre changement contractuel doit être accepté sous peine de tout perdre, les plateformes comme Steam ou Origin étouffent l'opportunité de revendre un jeu à un tiers (sauf à vendre le compte avec). Et la tendance observée du côté des consoles, qu'il s'agisse de la PlayStation 4 ou de la Xbox One, ne permet pas d'être particulièrement optimiste.
Pourtant, le marché de l'occasion est essentiel pour l'industrie vidéoludique. C'est du moins ce qu'il ressort d'une étude repérée par Wired. Selon les recherches effectuées par les professeurs de marketing Masakazu Ishihara, de la Stern School of Business, et Andrew Ching, de la Rotman School of Management, la revente de jeux entre particuliers participerait à la bonne santé du secteur.
Tout dépend de la politique tarifaire
Pour en arriver à cette conclusion, les deux enseignants ont basé leurs travaux ("dynamisme de la demande pour les biens durables neufs et d'occasion sans dépréciation physique") sur le marché vidéoludique japonais. Que disent-ils ? Si le secteur de l'occasion disparaît sans aucune contrepartie pour les clients, alors il faut s'attendre à une baisse de profits de 10 % par jeu.
En revanche, les professeurs considèrent que les joueurs peuvent supporter la disparition du marché de l'occasion si la qualité de l'offre légale suit. Comprendre : si le prix unitaire des jeux est ajusté à un niveau optimal, c'est-à-dire moins cher. Dans ces conditions, le profit généré par jeu peut progresser jusqu'à 19 %, selon les chercheurs.
D'après eux, le prix optimal pour un jeu dans un contexte de disparition du marché de l'occasion est 33 % moins élevé qu'à l'heure actuelle. Autrement dit, il faudrait par exemple que les studios proposent des titres neufs aux alentours de 40 euros au lieu de 60 euros. S'il coûte 70 euros, il faudrait le proposer autour de 45-46 euros. Et ainsi de suite.
Aujourd'hui, il est difficile de savoir jusqu'où évoluera le marché du jeu vidéo. La frilosité manifeste de l'industrie à l'égard du secteur de l'occasion laisse craindre une disparition progressive de ce dernier, accompagné d'une adaptation forcée des revendeurs spécialisés pour survivre. Toute la question est de savoir si cela s'accompagnera d'une politique tarifaire plus souple.
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