Thom Yorke, le leader du groupe Radiohead, a décidé de retirer ses albums solo des plateformes de streaming Spotify, Deezer et Rdio (au moins), jugeant qu'elles n'étaient pas assez rémunératrices pour les artistes.

Ce n'est pas parce que c'est légal que ça paye assez. La BBC rapporte que Thom Yorke, le leader du groupe Radiohead, a décidé de retirer son album solo The Eraser de la plateforme Spotify, ainsi que l'album Atoms For Peace, réalisé avec le producteur Nigel Godrich. Il estime que Spotify, qui est actuellement la plus grande plateforme de streaming musical au monde, ne rémunère pas assez les artistes. Yorke explique qu'il agit pour protéger leurs intérêts avant les siens.

"Ne vous méprenez pas, les nouveaux artistes que vous découvrez sur Spotify ne seront pas payés", critique-t-il, affirmant que les actionnaires seront en revanche bientôt rémunérés.

En 2010, Tom Yorke avait déconseillé aux jeunes artistes de signer chez des majors, un an après que Radiohead a offert un single sur BitTorrent. Le groupe avait même été jusqu'à diffuser son album In Rainbows sans prix fixe, en proposant aux internautes de donner ce qu'ils voulaient, ce qui avait été un grand succès commercial pour Radiohead.

Pour expliquer l'opération contre Spotify, le producteur Nigel Godrich, qui a produit plusieurs albums de Radiohead, estime lui aussi que "l'industrie musicale se fait prendre par la porte de derrière, et si nous ne faisons rien pour rendre les choses équitables pour les producteurs de musique et les artistes, alors l'art en souffrira".

Les majors, actionnaires de Spotify

En cinq ans, Spotify affirme avoir payé 500 millions de dollars aux ayants droit depuis 2008, et assure qu'il paiera 500 millions supplémentaires cette année, en droits d'auteur et droits voisins. En 2012, il avait été évalué que Spotify payait 0,005 dollar par écoute.

Parmi les actionnaires de Spotify se trouvent les plus grandes maisons de disques Universal Music, Warner Music, EMI et Sony Music, qui peuvent en tirer des revenus issus des dividendes, qu'ils n'ont pas à reverser aux auteurs et artistes. Ensemble, elles posséderaient environ 20 % de Spotify. 

Selon nos constatations, l'album solo de Thom Yorke n'est pas non plus disponible sur Deezer, qui est lui aussi accusé en France de très peu rémunérer les ayants droit. C'est pourtant au nom de cette offre légale qu'a été poussée en France la loi Hadopi, et qu'a été refusé la licence globale, prétendument moins rémunératrice. Mais si la grogne monte chez les artistes, la voie alternative à la privatisation de la distribution musicale pourrait se rouvrir.

"On observe une disproportion importante entre l’impact médiatique des œuvres diffusées sur internet et le chiffre d’affaires publicitaire réalisé par les sites de diffusion", constatait récemment un excellent rapport sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques, qui doutait de la viabilité de l'offre légale sur Internet et proposait de ne pas traiter d'un revers de main l'idée d'une licence globale. Même l'Hadopi montre qu'elle ne croit plus dans la viabilité du streaming, en proposant désormais de trouver un mode de rémunération du partage.

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