Au mois de mars dernier, les travaux de la Commission d'enquête sur le fonctionnement des services de renseignement français avait révélé que la France était toujours incapable d'installer légalement des mouchards sur les ordinateurs des suspects, faute d'homologation des outils prévus depuis la loi Loppsi de 2010.
Depuis trois ans, le législateur autorise le juge d'instruction à faire installer par les policiers un "un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, d'accéder, en tous lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu'elles s'affichent sur un écran pour l'utilisateur d'un système de traitement automatisé de données ou telles qu'il les y introduit par saisie de caractères".
Le but est de capter les informations envoyées sur le réseau avant qu'elles soient chiffrées, ou après qu'elles aient été déchiffrées par le destinataire, et ainsi de contourner les obstacles posés par exemple par le chiffrage de Skype ou celui de iMessage. Mais encore faut-il que le dispositif choisi soit homologué pour être utilisable en toute légalité, et donc pour que les preuves obtenues par ce biais puissent être utilisées en justice.
Plusieurs solutions technologiques existent sur le marché, comme l'a montré le mouchard allemand, la solution britannique FinFisher (qui lui vaut un conflit avec Mozilla), ou encore celles de l'italien Hacking Team. Mais l'état français peut-il faire confiance à une solution soumise aux réglementations et pressions étrangères, fussent-elles européennes ?
Selon L'Expansion, la France aurait fait réaliser son propre mouchard électronique par la société Ercom, qui a bénéficié en 2011 d'un soutien étatique par l'intermédiaire du Fonds Stratégique d'Investissement (FSI).
Sur son site internet, Ercom se présente comme "constructeur de solutions de télécoms, avec un savoir-faire unique associant l'expertise dans les réseaux LTE/4G, les protocoles de télécommunications et la cryptographie".
Il vante son "éthique et une garantie de confidentialité en totale conformité avec les organismes civils et gouvernementaux les plus exigeants", et vend Cryptosmart, une "solution entière sécurisée" censée assurer la confidentialité des communications. Un comble.
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