Suite à la décision du département d'État de fermer provisoirement plusieurs ambassades en raison de menaces détectées via les agences de renseignement, les partisans de l'espionnage en ont profité pour justifier l'intérêt de la surveillance de masse au nom de la sécurité.

La ficelle paraît un peu grosse. Aux États-Unis, le département d'État a décidé de fermer provisoirement une vingtaine d'ambassades suite à des "communications suspectes" entre plusieurs pontes d'Al-Qaïda. Ces échanges, interceptés, contiendraient suffisamment d'éléments pour accréditer la perspective d'une attaque imminente contre l'une des emprises américaines situées dans le monde arabe.

La décision de fermer ces ambassades pendant une semaine survient au moment où le gouvernement est la cible de vives critiques suite aux révélations du Gardian sur l'espionnage de massage organisé par l'agence de renseignement américaine (PRISM, XKEYSCORE et compagnie). Or, difficile de ne pas remarquer une proximité étonnante entre la décision du département d'État et le scandale de l'espionnage de la NSA.

Évidemment, les partisans de la surveillance généralisée au nom de la sécurité de l'Amérique ont saisi cette ficelle pour justifier la poursuite de l'analyste de la totalité des communications électroniques passant à portée des grandes oreilles de la NSA. Plusieurs membres de la classe politique ont ainsi salué l'efficacité des divers programmes de l'agence et souligné le péril si ceux-ci étaient suspendus ou interrompus définitivement.

Pour le vice-président de la commission du renseignement, les alertes du département d'État "étaient une bonne indication de la raison pour laquelle [ces programmes de surveillance] sont si importants". Même son de cloche chez un sénateur républicain : "le programme de la NSA prouve une nouvelle fois sa valeur". Côté démocrate, on vante, certes plus modérément, les agences, jugées "sacrément bonnes".

Au-delà de savoir si la décision du département d'État de fermer certaines ambassades (et de médiatiser l'information) est une coïncidence par rapport à la controverse sur l'étendue des capacités des agences de renseignement, les soutiens de la NSA disposent d'un argument sournois pour justifier l'existence de PRISM et de ses équivalents et, si nécessaire, pour réclamer des prérogatives plus dures encore.

Si aucun attentat ne se produit, il leur suffira de dire "voyez comme l'espionnage de la NSA est efficace ! Le remettre en cause, c'est remettre en cause la sécurité de l'Amérique". À l'inverse, si une bombe explose ou si une prise d'otage survient, les militants du contrôle n'auront qu'à pester contre la faiblesse des moyens actuels, avant de réclamer une nouvelle loi, plus dure encore. Une vraie mécanique infernale.

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