À quelques semaines des élections fédérales, la chancelière allemande Angela Merkel a esquissé la perspective d'un Europe libérée de Google, grâce à son propre moteur de recherche. Or, il existe déjà des initiatives de ce genre à l'échelon national ou continental. Mais si concevoir un moteur de recherche est une chose, l'imposer aux internautes en est une autre.

À la différence de l'Hexagone, l'affaire PRISM agite fortement l'Allemagne. Les multiples manifestations qui ont eu lieu à Berlin, les Unes de la presse allemande (comme celles du Spiegel) et l'histoire du pays avec le rôle du ministère de la Sécurité d'État (Stasi) illustrent la sensibilité marquée des Allemands à l'égard des révélations d'Edward Snowden survenues en juin dernier.

Au niveau politique, même constat. Au plus haut niveau de l'État, les réactions ont été très mesurées. Début juillet, François Hollande a ainsi demandé des "explications" et des "informations" sur les informations sorties par la presse, tout en demandant leur "vérification". Quelques jours plus tôt, la ministre déléguée à l'économie numérique s'est limitée à exprimer l'inquiétude du gouvernement, sans plus.

En Allemagne, les commentaires sont plus forts. Il faut dire qu'il va y avoir des élections fédérales allemandes en septembre prochain et la chancelière Angela Merkel est impliquée dans la campagne. Aussi est-elle obligée de répondre à l'inquiétude des électeurs en s'exprimant sur cette affaire. Et parmi ses sorties, on retiendra notamment son souhait d'un Google européen.

"En tant que chancelière, je suis préoccupée par la question des capacités dont nous disposons dans le domaine des technologies de l'information, en Allemagne et en Europe par rapport aux autres", a-t-elle déclaré au cours d'un entretien télévisé et dont les propos ont été rapportés par Le Monde, en pointant les difficultés en matière de vie privée et de confidentialité dès lors qu'on s'adresse à une firme non-européenne.

"Assurer un niveau allemand de protection des données est toujours plus difficile quand ces données sont transportées par des entreprises étrangères avec des technologies non européennes, tant dans le soft que dans le hardware. Nous devons ensemble, les Européens, travailler pour surmonter notre dépendance face aux Américains et aux Chinois et proposer des technologies puissantes", a-t-elle ajouté.

Or, Angela Merkel semble oublier qu'il existe un projet européen dans ce domaine : Quaero. Lancé en 2005, il s'est traduit par la mise en avant d'un moteur de recherche, Exalead, qui devrait être une réponse à l'hégémonie de Google. Sauf que c'est une chose de créer un moteur de recherche. C'en est une autre que de convaincre les utilisateurs à l'utiliser par défaut.

La suggestion implicite d'Angela Merkel pour une solution européenne a été défendue de ce côté-ci du Rhin.  L'an dernier, plusieurs députés ont manifesté leur souhait pour voir émerger un "Google français" ou, à défaut, un "Google européen". Mais si cette perspective était plutôt bien partagé quel que soit le bord politique, restait à savoir comment l'imposer face à l'offre actuelle.

Mais si l'Europe n'a pas convaincu jusqu'à présent en matière d'alternative à Google, d'autres tirent leur épingle du jeu depuis l'éclatement de l'affaire PRISM. C'est le cas de DuckDuckGo, un moteur de recherche qui fonctionne sans réclamer la moindre donnée personnelle à l'utilisateur. Depuis juin, le nombre de requêtes quotidiennes que DuckDuckGo a explosé, signe de sa popularité croissante.

Enfin, PRISM n'est qu'une facette du problème de la surveillance en ligne. Et malgré la sensibilité allemande pour la vie privée et le poids de son histoire, il apparaît que l'Allemagne se livre aussi, comme bien d'autres pays, à ce type d'activités. Ainsi, le Spiegel a pointé les activités des services secrets allemands qui détourneraient et scanneraient 5 % du trafic du point d'échange Internet le plus important d'Europe.

( photo : CC BY-SA Armin Linnartz )

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