L'encart publicitaire fait polémique. Aux Etats-Unis, l'Employment Policies Institute, un lobby privé qui défend l'idée que les salaires minimum sont générateurs de chômage chez les jeunes travailleurs, s'est offert une pleine page (.pdf) du Wall Street Journal pour mettre en garde les syndicats d'employés de fast-food qui organisent une grève pour demander une revalorisation salariale.
Si leurs exigences étaient satisfaites, prévient l'encart, "les restaurants auront l'obligation de réduire le coût du service pour conserver les prix bas que les clients demandent". "Cela veut dire moins d'emplois de premier échelon, et davantage d'alternatives automatisées — même en cuisine".
L'Institut imagine donc qu'un jour, des robots remplacent les salariés en cuisine, pour confectionner les Big Mac et autres hamburgers servis aux clients. Ce qui n'est pas du tout de la science fiction.
Chez McDonald's comme dans la plupart des chaînes de fast food, la préparation des sandwichs est déjà rigoureusement calibrée, du nombre de tranches de salades jusqu'à la quantité de sauce, en passant par le nombre de secondes que le steak doit passer sur le grill. Rien n'est laissé à l'improvisation du "cuisinier", qui ne fait que suivre les ordres inscrits sur la checklist. A cet égard, le cuisinier de McDo n'est rien d'autre qu'un robot humain qui peut être remplacé par une machine robot sans que la qualité des hamburgers ne s'en ressente.
Chômage ou destruction créatrice ?
Une entreprise, Momentum Machines, propose d'ailleurs déjà des machines de préparation culinaire capables de "faire tout ce que les employés peuvent faire, mais en mieux", et prévoit de lancer sa chaîne de fast food robotisée, à prix réduits.
Même si l'idée semble effrayante, il ne s'agit pas d'une catastrophe sociale, sauf à très court terme pour les salariés mis au chômage par les robots. A moyen et long terme, si l'on considère qu'un travail ne doit pas être qu'une source de rémunération mais qu'il doit aussi répondre à des besoins d'épanouissement personnel, il est heureux que les tâches les plus robotisées du travail humain puissent être remplacées par de vrais robots (voir à ce sujet notre article sur la robotisation des usines Foxconn).
Momentum Machines explique d'ailleurs qu'il souhaite former les anciens cuisiniers des chaînes de préparation des fast food, mis au chômage par les robots, pour s'occuper de la maintenance et du développement des machines. "La question des machines et des suppressions d'emplois fait débat depuis des siècles, et les économistes acceptent généralement l'idée que les technologies comme les nôtres génèrent une augmentation des emplois", assure l'entreprise. "Les trois facteurs qui contribuent à cela sont : 1. La société qui crée les robots doit embaucher de nouveaux employés ; 2. le restaurant qui utilise nos robots peuvent étendre leurs frontières de production ce qui demande de recruter plus de monde ; 3. le public économise de l'argent avec le prix réduit de nos burgers. Cet argent économisé peut être dépensé sur le reste de l'économie".
C'est toute la théorie de la destruction créatrice de Schumpeter. Dramatique pour ceux qui la vivent ; essentielle pour le progrès de la société. Ceci à condition que le temps libéré par les robots soit effectivement générateur de progrès social. De quoi donner quelques pistes de réflexion au débat sur les retraites. Est-il nécessaire de rallonger le temps de travail des hommes, si le travail des hommes peut être fait par des robots ?
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