Quiconque se rendra en Russie lors des Jeux Olympiques de Sotchi en février 2014 devra être conscient que ses communications électroniques seront sous très étroite surveillance. Selon une enquête menée par des journalistes russes et des activistes américains, dont les conclusions sont énumérées par le Guardian, la Russie a imposé à tous les FAI et opérateurs télécoms d'installer dans leurs infrastructures des "boîtes Sorm", du nom du programme de surveillance électronique russe, qui permettent d'acheminer tout le trafic vers les bureaux du FSB.
L'agence de renseignement russe pourra ainsi intercepter toutes les communications téléphoniques et tous les échanges de données, et les analysera avec un système de Deep Packet Inspection (DPI) qui permet de détecter des mots clés dans les contenus pour identifier d'éventuels suspects. Toutes les communications seront surveillées, qu'il s'agisse d'e-mails, de messageries en temps réel, ou des réseaux sociaux. Un PRISM aux hormones, comme le décrit Ron Deibert, professeur de l'Université de Toronto et directeur du Citizen Lab.
Ces derniers mois, des modifications majeures auraient ainsi été opérées sur les réseaux de communication à Sotchi, une station balnéaire de la Mer Noire, pour s'assurer que le FSB puisse intercepter et filtrer toutes les communications, dont le volume sera extrêmement important pendant les Jeux Olympiques. Les réseaux et les relais vers les serveurs du FSB ont été dimensionnés en conséquence.
Aux Etats-Unis, les autorités préviennent déjà les industriels que toute information confidentielle qu'ils transportent avec eux sur leurs téléphones ou ordinateurs sont susceptibles d'être interceptées par les Russes, et partagées avec des concurrents. Les voyageurs sont invités à faire preuve d'une extrême prudence, et même à retirer la batterie de leur téléphone.
Selon le Guardian, le système ne sera pas utilisé uniquement pour traquer d'éventuels terroristes attirés par l'ampleur et la médiatisation extrême des Jeux Olympiques, mais aussi pour identifier d'éventuels groupes d'activistes qui se donneraient rendez-vous, par exemple, pour contester la loi pénale interdisant la promotion de l'homosexualité en Russie. Le DPI pourra être utilisé pour détecter les échanges entre activistes, puis leur téléphone mobile pourra être tracé pour les arrêter avant tout rassemblement.
Par ailleurs, comme les Jeux de Londres qui avaient fait l'objet d'une censure étroite pour protéger les intérêts des partenaires officiels, les Jeux de Sotchi seront également soumis à un étroit contrôle des réseaux sociaux et autres sites internet pour s'assurer que les droits de propriété intellectuels, élargis pour l'occasion, ne sont pas violés.
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