La Commission nationale pour la protection des données du Luxembourg, l'homologue luxembourgeois de la CNIL, a décidé d'ouvrir une enquête sur les liens entre Skype et la NSA, affirme ce vendredi le Guardian. Le Grand-Duché, dans lequel Skype a installé son siège européen, pourrait encourir une condamnation pénale et même être banni du pays, si l'enquête concluait que des informations personnelles concernant les utilisateurs du service racheté par Microsoft avaient été transférées illégalement vers l'agence de renseignement américaine.
Selon l'article 11 de la Constitution du Luxembourg, "l'Etat garantit la protection de la vie privée, sauf les exceptions fixées par la loi". Cette dernière n'autorise la surveillance des communications que lorsqu'elle est réalisée après autorisation et sous le contrôle d'un juge, ou d'une juridiction désignée par le premier ministre. Mais "il n'est pas clair si le transfert des communications de Skype vers la NSA a été approuvé par le Luxembourg à travers une assistance judiciaire secrète, ou par un accord de transfert de données qui n'aurait pas été connu de la commission pour la protection des données au début de son enquête", précise le quotidien britannique.
Alors qu'il était autrefois réputé pour le chiffrage de ses communications, censé rendre difficile voire impossible l'écoute des conversations, Skype apparaît comme partenaire du programme PRISM, qui permet à la NSA d'accéder aux données d'utilisateurs de services en ligne. Dès juin 2011, au moment de son rachat de Skype, Microsoft avait dit être prêt à livrer aux Russes des clés de déchiffrement des conversations, ce qui laissait peu de doutes sur le fait que les Etats-Unis bénéficiaient déjà d'un tel accès. Par ailleurs, la centralisation de Skype, qui reposait autrefois sur une architecture P2P, ne fera que faciliter les interceptions.
Néanmoins, les autorités continuent de se plaindre régulièrement de la difficulté d'écouter Skype. En France, l'Arcep a même intenté en mars dernier une action en justice contre Skype, pour l'obliger à se déclarer officiellement opérateur téléphonique, ce qui aura pour principal effet de le contraindre à rendre les conversations écoutables sur réquisition judiciaire.
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