Comment Disney, qui a racheté LucasFilm et sa licence Star Wars, va-t-il réagir ? Comme le signale Big Browser, un heureux collectionneur a pu mettre la main sur un laser disc jusque là inconnu, qui contient 30 minutes de rushs du sixième volet de la saga des Skywalker (le troisième dans l’ordre de sortie), Le Retour du Jedi. Et plutôt que de le garder pour lui, le collectionneur a décidé d’en faire profiter le monde entier, non sans réaliser une étrange opération marketing.
Mis en vente sur eBay à 699 dollars, le disque laser réunit différentes prises de la scène pendant laquelle Yoda confirme à Luke que Darth Vader est bien son père, puis meurt en révélant qu’il existe un autre Skywalker — une scène qui devrait prendre toute importance avec la nouvelle trilogie dont l’épisode 7 sortira en 2015. Même si l’un peut découvrir quelques variations de dialogue et de mise en scène, le disque ne contient a priori aucune scène inédite, mais suffit à soulever l’enthousiasme des fans.
Perdu par LucasFilm, il semble issu des disques exploités par l’entreprise de George Lucas pour faire la démonstration commerciale de sa plateforme de montage numérique EditDroid, lors d’un salon professionnel à Las Vegas en 1984 :
https://youtube.com/watch?v=27hVFq2RB1w%3Frel%3D0
Mais plutôt que de publier une copie intégrale du disque laser, qu’il a dû restaurer pour le rendre lisible, le collectionneur anonyme en fait une exploitation curieuse. Il a en effet promis de publier le contenu par séquences, mises en ligne au fur et à mesure qu’il obtiendra des « likes » sur sa page Facebook. Une véritable démarche marketing qui ne sert pourtant, pour le moment, aucun revenu publicitaire (si ce n’est ceux de Facebook lui-même).
Mettant ses promesses à exécution, le collectionneur a commencé à publier quelques séquences issues du laser disc :
Mais comment va réagir LucasFilm (ou plutôt Disney), qui a pris pour habitude de fouiller ses archives pour remplir ses innombrables rééditions de la saga Star Wars ? Dans une stricte application du droit d’auteur, le producteur peut réclamer la propriété de ces contenus enregistrés il y a un peu plus de 30 ans. Mais pour tenter de se prémunir par avance de toute tentative de censure, le collectionneur prévient sur chaque vidéo publiée que l‘article 107 du Copyright Act de 1976 autorise le Fair Use, c’est-à-dire les exploitations faites dans le cadre d’une « utilisation équitable ». Il met en avant la valeur historique de ces documents, et leur intérêt public.
Selon cet article 107, « l’utilisation équitable d’une œuvre protégée, y compris l’utilisation par reproduction de copies ou de phonogrammes ou par tout autre moyen indiqué par cet article, à des fins telles que la critique, le commentaire, la publication de nouvelles, l’enseignement (y compris les copies multiples pour utilisation en classe), le savoir, ou la recherche, ne constitue pas une violation du droit d’auteur« .
Certaines conditions sont néanmoins posées, volontairement floues pour laisser une marge d’interprétation aux juges. Il faut notamment regarder le caractère commercial ou non de l’exploitation, la nature de l’oeuvre protégée, la proportion de l’oeuvre ainsi exploitée, et l’effet d’une telle utilisation sur la valeur commerciale de l’oeuvre. « Le fait qu’une oeuvre n’est pas publiée ne doit pas en lui-même interdire l’utilisation équitable« , prévient la loi américaine.
En France, la loi connaît aussi des exceptions au droit d’auteur (article L122-5 du code de la propriété intellectuelle), pour autoriser par exemple « la représentation ou la reproduction d’extraits d’oeuvres (…) à des fins exclusives d’illustration dans le cadre de l’enseignement et de la recherche« , mais les critères sont extrêmement restrictifs et aucune de ces exceptions ne paraît pouvoir s’appliquer. De plus, ces exceptions ne peuvent être opposées à l’auteur que « lorsque l’oeuvre a été divulguée« . Or si l’on considère que les rushs sont une oeuvre en soit, indépendantes du film auquel ils donnent naissance, alors il est impossible d’en divulguer le contenu sans violer les droits de LucasFilm.
Pour le moment, ni Disney ni LucasFilm n’ont réagi à ces publications.
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