Au cours de sa conférence de presse, Orange n’a pas seulement parlé de domotique ou de divertissement numérique. L’opérateur a aussi abordé le sujet hautement sensible de la vie privée sur Internet. Alors que l’actualité récente a mis en lumière l’espionnage de masse mis en œuvre par les agences de renseignement occidentales, l’entreprise française a voulu affirmer son engagement dans ce domaine.
En la matière, la promesse d’Orange s’articule autour de quatre principes :
- la sécurité des données personnelles des clients à travers la fiabilité de leur traitement et la sécurité de leur conservation (« nous vous garantissons la sécurité de vos données« ) ;
- le contrôle par les clients de leurs données personnelles et de l’utilisation qui en est faite, notamment, via un tableau de bord personnel (« nous vous donnons le contrôle de leur utilisation« ) ;
- la transparence du traitement des données de ses clients et utilisateurs dans toutes les étapes de la relation (« nous nous engageons sur la transparence de leur traitement« ) ;
- l’accompagnement de tous ses clients et utilisateurs pour les aider à protéger leur vie privée et à mieux gérer leurs données personnelles (« nous vous assurons un accompagnement pour vous aider à protéger votre vie privée« ).
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? « Qu’il n’est pas question pour Orange d’exploiter vos données personnelles pour les vendre à des tiers« , jure l’opérateur, qui veut « relayer ces engagements auprès de ses sous-traitants et de ses partenaires commerciaux« . Mais pour l’heure, ça reste encore très flou. Il faudra observer comment Orange compte appliquer dans les faits ses promesses. Et avec quelle efficacité.
S.Richard : il n’est pas question pour Orange d’exploiter vos données personnelles pour les vendre à des tiers #leshowhello
— Orange (@orange) November 7, 2013
Une application mobile est d’ores et déjà annoncée. Il s’agit d’un « espace unique » dans lequel l’usager peut « contrôler ses données personnelles et accéder à une gamme de services de protection spécifiques et recommandés par l’opérateur« , comme l’antivirus ou le contrôle parental. Seule la version Android est évoquée, mais on peut supposer sans risque que l’opérateur l’adaptera au moins pour iOS.
Avec l’application, qui nécessite au moins une activation via le réseau mobile, l’usager « peut à la fois visualiser et gérer les infos partagées avec son opérateur, contrôler les données utilisées par ses applis, visualiser ses usages digitaux de manière innovante mais aussi accepter de partager ses données personnelles afin de bénéficier d’une meilleure expérience client« .
Un point n’est toutefois pas clair : Orange évoque les données personnelles en termes d’autorisation, de vérification, de possession. En revanche, l’opérateur ne dit rien sur la récupération des données, par exemple pour transférer des documents et / ou contacts du Cloud d’Orange vers un autre service en ligne alors qu’il existe des procédures spécifiques pour récupérer ses données.
Quoiqu’il en soit, l’engagement d’Orange survient quelques mois après que l’opérateur ait été sélectionné aux Big Brother Awards 2013 « pour avoir voulu mettre en place des outils de DPI de surveillance des activités internet privées de ses abonnés, sous couvert de leur proposer de meilleures publicités ou services« .
Reste une interrogation : comment mesurer l’efficacité et la réalité des engagements d’Orange, qui promet d’aider ses « clients et utilisateurs à maîtriser, gérer et contrôler leurs données personnelles ainsi que les utilisations qui en sont faites » ?
Tout dépend sans doute du critère auquel on s’intéresse : peut-être que la promesse d’Orange sera tenue dans le cas d’un sous-traitant ou d’un partenaire commercial. Mais dans le cas d’une agence de renseignement, qui cherche à tout capter ? En la matière, l’on voit difficilement comment Orange pourrait faire barrage. Autrement dit, Orange s’engage sur une certaine protection, mais pas pour une protection absolue.
Rappelons d’ailleurs, qu’en plus de l’écoute au fil de l’eau des agences de renseignement, certaines disposent d’accords particuliers avec le secteur des télécommunications. Au début du mois, le Guardian relatait les bonnes performances de la DGSE dans l’espionnage, grâce à sa relation privilégiée avec une société de télécommunications, mais dont l’identité n’a pas été dévoilée.
( photo : Benoît Tabaka )
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