Pour éviter un procès à l’issue douteuse, Free Peers Inc. a accepté de cesser ses activités et de payer à la RIAA 30 millions de dollars de dédommagement. A la grande époque de Gnutella, BearShare était l’un des logiciels de peer-to-peer les plus populaires dans le monde. Il partageait le réseau héritier de Napster avec plusieurs autres clients P2P, dont LimeWire (lui-même capitulant et remplacé par son jumeau FrostWire).
En marge de l’accord, Free Peers Inc. annonce qu’il a revendu l’ensemble de ses actifs (dont sa technologie BearShare, son fichier clients et son nom de domaine) à iMesh, un rescapé du Peer-to-Peer, reconverti au bon service des majors après un accord de seulement 4,1 millions de dollars avec la RIAA. Le montant de la transaction entre les deux entités n’a pas été dévoilé.
Eliminer toute concurrence aux services marchands : une utopie ?
Dans sa lutte contre le P2P non contrôlé, la RIAA remporte de francs succès. Au lendemain de la jurisprudence Grokster qui a installé un climat d’insécurité juridique totale pour les éditeurs de logiciels de P2P aux Etats-Unis, la RIAA avait envoyé une série de lettres d’injonctions aux principaux éditeurs de logiciels d’échanges du pays. Les services de i2Hub et WinMX ont fermé, tout comme Grokster. Limewire et eDonkey ont quant à eux annoncé leur intention de négocier pour survivre, mais l’impatience monte face aux difficultés. Enfin Warez P2P et le toujours très populaire Soulseek, eux aussi visés par la RIAA, n’ont pas encore réagi.
Le climat de tension qui règne aux Etats-Unis pourrait un jour s’inverser si, comme l’espère l’éditeur de Morpheus, les tribunaux interprètent favorablement la décision de la Cour Suprême. StreamCast Networks compte en tout cas ttp://www.numerama.com/news3015_Morpheus_se_battra_a_nouveau_en_Justice.html »>se battre jusqu’au bout, mais en attendant les éditeurs commerciaux tombent comme des mouches.
Ne reste plus que les logiciels de P2P open-source, réalisés par une communauté sans personnalité juridique contre qui porter plainte. Ces logiciels se basent sur les réseaux eDonkey et Kademlia, Gnutella et BitTorrent, qui sont de loin les plus populaires actuellement.
Malgré le succès de façade de la politique menée par la RIAA, une observation pragmatique de l’état du P2P dans le monde invite à penser que le lobby est en train de jouer ses dernières cartes avant que le paquet ne change de main. Lorsque tous les éditeurs de P2P commerciaux auront été supprimés, les logiciels open-source auront atteint un niveau de croissance encore plus important et il sera impossible d’exiger leur fermeture.
Il faudra alors accroître la pression juridique sur les P2Pistes eux-mêmes. Mais l’usage du P2P est tel chez les internautes qu’il deviendra de plus en plus difficile de justifier de telles actions auprès du législateur et des tribunaux.
L’industrie du disque sera alors contrainte elle-même de négocier avec les internautes. Que ça soit pour une licence globale, solution encore précoce, ou plus vraissemblablement pour une coexistence pacifique entre l’offre marchande et les services de P2P.
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