Le terrorisme n'est plus la principale menace pesant sur les États-Unis ; c'est la cyberguerre. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par Defense News auprès de 293 responsables civils et militaires de la défense américaine, et dont les résultats ont été relayés par Zone Militaire. Cette opinion est partagée par près de la moitié des sondés (45,1 %).
En comparaison, les autres risques pesant sur l'Amérique arrivent loin derrière. Si le terrorisme reste une préoccupation majeure, seuls 26,3 % des responsables en font une priorité absolue, devant les réseaux informatiques. Ensuite, on retrouve la Chine (14,3 %), l'Iran (7,9 %), le changement climatique (5,8 %) et la Corée du Nord (0,7 %).
La cyberguerre est un concept critiqué. Sans nier l'existence d'opérations pouvant se dérouler via les réseaux informatiques, plusieurs voix jugent que cette terminologie est avant tout un produit de l'agitation médiatique, dont la naissance a été favorisée par quelques déclarations fracassantes de la classe politique (pour justifier un changement législatif) ou de consultants en sécurité (pour faire des affaires).
Même les plus hauts responsables ont tendance à tenir des propos alarmistes. "Nous pourrions faire face à une cyber-attaque qui serait l’équivalent de Pearl Harbor" avait ainsi prévenu l'ancien ministre américain de la défense, Leon Panetta, tandis que l'actuel patron de la NSA et du Cyber Command, né en 2010, a fait part de sa "peur des attaques destructrices […] qui sont à venir".
Est-ce un abus de langage ? Pour Stéphane Bortzmeyer sur son blog "on n'a pas parlé d'"airguerre" avec le développement des avions de combat, ou de "guerre chevaline" lorsque la cavalerie a fait ses débuts". Ne serait-ce qu'une expression destinée à faire peur et, au passage, vendre livres et services, à l'image de Richard Clarke, ancien pilier du gouvernement Bush, qui surfe sur cette vague ?
On notera qu'il existe pourtant des expressions comme "guerre économique". Et que dire des conflits se déroulant dans une dimension particulière (terre, mer, air, espace), à l'image de la guerre navale ou de la guerre aérienne ? Il n'en demeure pas moins qu'il existe une différence de taille : la "cyberguerre", si tant est qu'un tel engagement ait déjà eu lieu, n'a encore tué personne.
Derrière cette question sémantique, on constate malgré tout que des dispositions sont prises sur le plan politique pour adapter l'outil militaire au cyberespace. La France, par exemple, fait évoluer sa doctrine, en témoigne ses deux derniers livres blancs sur la défense, constitue un corps de cyber-réservistes et modifie sa législation, pour se défendre, riposter… ou bien prendre l'initiative.
Cette tendance se retrouve aussi à l'étranger et dans des structures politico-militaires comme l'OTAN, avec l'ouverture d'un centre de réaction contre les cyberattaques. Et à défaut d'avoir constaté une véritable cyberguerre, des actions de sabotage (cybersabotage ?) ont déjà eu lieu : faut-il rappeler l'épisode Stuxnet, qui a conduit à l'endommagement des centrifugeuses nucléaires iraniennes ?
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