La lutte contre le camcording des films de cinéma (c’est-à-dire leur piratage par enregistrement de la vidéo projetée dans les salles) aura-t-elle encore un sens si les lunettes de réalité augmentée deviennent aussi populaires que l’espère Google avec ses lunettes Google Glass ? Aux Etats-Unis, un homme a été arrêté par le FBI à la demande de la MPAA, pour avoir regardé un film au cinéma en portant des Google Glass. Dénoncé par l’exploitant de la salle AMC, l’homme a été placé en garde à vue par les services de la Sécurité Intérieure, pour être interrogé sur son comportement fautif.
En réalité, ses Google Glass étaient aussi ses lunettes de vue, sans lesquelles il n’aurait aucun intérêt à aller au cinéma, et elles étaient éteintes. Les services fédéraux l’ont interrogé plus d’une heure, avant d’accepter de le relâcher.
« Le vol de films est quelque chose que nous prenons très au sérieux, et nos gestionnaires de salles contactent la Motion Picture Of America (MPAA) chaque qu’elle suspecte que quelqu’un enregistre illégalement le contenu à l’écran« , s’est défendu AMC. « Bien que nous soyons d’énormes fans de la technologie et de l’innovation, porter un dispositif qui a la capacité d’enregistrer de la vidéo n’est pas quelque chose d’approprié dans une salle de cinéma« , insiste-t-il.
De son côté, la MPAA a finalement reconnu que « nous n’avons pour le moment aucune raison de penser que (les Google Glass) représentent actuellement une menace significative qui pourrait résulter dans le vol de contenus« . Mais s’il reconnaît que « dans le cas présent, aucune activité (de piratage) n’a été découverte« , le lobby hollywoodien n’entend pas pour autant laisser les spectateurs porter des lunettes électroniques sans qu’ils aient à rendre compte.
Redonner l’envie de la salle de cinéma, et le respect
Nous avions déjà vu en avril dernier que la question de l’interdiction des Google Glass dans les salles de cinéma se posait. Mais plus la technologie avancera, plus il deviendra difficile de distinguer les lunettes traditionnelles des lunettes de réalité augmentée. Peut-être même, un jour, dans un avenir plus ou moins lointain, tout le monde portera des lunettes connectées. Il deviendra alors très difficile de les interdire, sauf à se priver d’une partie importante du public.
Une autre approche consisterait à accepter bon gré mal gré que les films de cinéma soient piratés, car ils le seront de toute façon, et à travailler exclusivement sur la qualité de service offerte aux clients des salles de cinéma. Pour que ces derniers préfèrent revenir en salles plutôt que de regarder une copie de maigre qualité sur un écran d’ordinateur ou un téléviseur.
Il serait aussi possible de dissuader de pirater en valorisant bien mieux le travail des créateurs de films, en faisant prendre conscience du « sang et des larmes » versés pour réaliser un long-métrage. En abandonnant les fausses paillettes qui n’intiment aucun respect et qui donnent au contraire l’impression que le piratage ne fait que supprimer quelques bouteilles de champagne dans les suites des hôtels de Cannes.
Une idée simple : projeter avant les films des making-of qui montrent les dessous de la réalisation laborieuse d’un film, et font prendre conscience du talent et de l’énergie déployés, plutôt que les publicités que les spectateurs ne voient pas quand ils choisissent de pirater un film plutôt que de payer pour aller le voir en salle.
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