Cette fois ça y est, la Commission Européenne et Google sont parvenus à établir les fondamentaux d'un accord suite à la procédure en abus de position dominante ouverte par Bruxelles en 2010. Alors que les discussions ont beaucoup traîné en longueur, ce qui a permis à Google de continuer à abuser de son quasi monopole pendant plusieurs années, le résultat communiqué ce mercredi par la Commission est encore plus ridicule que ce que laissaient craindre les rumeurs.
Comme l'avait indiqué le Wall Street Journal au mois d'avril dernier, le projet d'accord prévoit que Google aura l'obligation de mettre en avant trois de ses concurrents à chaque fois qu'il présentera des résultats de recherche issus de ses moteurs de recherche spécialisés (billets d'avions, Google Maps, Google Shopping, …). Une méthode qui n'est pas sans rappeler le ballot screen imposé à Microsoft contre Internet Explorer, qui a fait ses preuves pour aider Firefox.
Google devra mieux signaler aux internautes que les résultats présentés sont des résultats sponsorisés, et présenter les offres de ses concurrents avec des liens présentés exactement de la même manière que les siens. Par exemple, s'il accompagne ses résultats d'images de produits, les concurrents devront avoir le même traitement. Mais uniquement dans la zone dédiée aux résultats "sponsorisés", où Google mettra en avant ses propres résultats payants :
Avant :
Après :
Avant :
Après :
A l'époque où cette solution est apparue, nous avions souligné que toute la difficulté était de savoir sur quelles bases choisir les concurrents présentés. "Faudra-t-il le laisser au hasard, à d'obscurs algorithmes définis par Google lui-même, ou à la négociation commerciale qui permettrait aux concurrents d'acheter la mise en avant ?", avions-nous demandé.
Or si Google a accepté d'aller aussi loin dans la présentation d'offres concurrentes, c'est effectivement parce qu'il en tire un bénéfice commercial conséquent. Le projet d'accord prévoit que Google pourra lui-même déterminer un "pool" de concurrents équivalents à ses services, selon des critères prétendument "objectifs", et mettre aux enchères l'inclusion de leurs résultats au côté des siens.
Google se retrouve ainsi gagnant sur tous les tableaux. Non seulement la firme de Mountain View garde le droit d'user de sa position dominante pour mettre en avant ses services spécialisés sur son moteur de recherche, au détriment des concurrents qui subissent le poids écrasant de Google (plus de 90 % des recherches en Europe), mais en plus il pourra faire payer ces concurrents pour afficher leurs résultats.
Il n'y a que dans les cas — généralement transitoires — des moteurs de recherche spécialisés où Google lui-même ne facture strictement rien à ceux qui bénéficient des liens (par exemple sur Google Maps) que les concurrents pourront s'installer gracieusement. Mais là encore, on ne sait rien pour le moment des critères de choix des concurrents qui seront mis en avant.
L'ensemble sera surveillé par un "comité de confiance" (sic) qui s'assurera de l'application de l'accord, s'il est validé définitivement après consultation des entreprises qui se sont plaintes auprès de la Commission Européenne.
La seule solution ambitieuse, qui avait été envisagée très sérieusement contre Microsoft, aurait été de découper Google en plusieurs entités distinctes, avec d'un côté le moteur de recherche global, et de l'autre les activités de recherche sponsorisée.
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